Mai 2022 – Alors que c’était autrefois une tumeur rare, la fréquence du mélanome n’a cessé de croître tout au long des cinq dernières décennies. L’exposition aux UV, naturels et artificiels, en a été reconnue comme le facteur majeur d’apparition, impliquée dans plus de trois quarts des cas.
La fréquence de ce cancer a paru récemment se stabiliser voire diminuer dans quelques pays tels que l’Australie ou les USA sous l’effet à la fois de modifications du mode de vie et du mélange des populations avec l’entrée dans le pays de sujets à la peau plus sombre que les anglosaxons. Mais parallèlement, le risque de mélanome augmente avec l’âge et donc l’incidence augmente dans certains groupes d’âge. Comment va globalement évoluer la fréquence du mélanome dans les décennies qui viennent reste de ce fait difficile à établir alors qu’il est essentiel de le déterminer pour cibler les campagnes de prévention.
Une étude a été menée sur les nouveaux cas de mélanome enregistrés pour 2020 dans 185 pays, et pour tous les groupes d’âge de 0 à plus de 85 ans. Le nombre total a été estimé à 325 000 dont 174 000 hommes et 151 000 femmes ; approximativement 32 000 hommes et 25 000 femmes sont morts d’un mélanome en 2020. Quatre-vingt pour cent des personnes qui ont eu un mélanome nouvellement diagnostiqué avaient plus de 50 ans, tout comme près de 90 % de celles qui sont décédées.
Cette analyse épidémiologique a donc bien mis en évidence le poids considérable qu’a pesé le mélanome malin en 2020, principalement dans les pays développés avec des habitants d’origine européenne dont la peau claire est très sensible à l’effet carcinogène des UV sur la peau. Il y a de grandes variations géographiques dans l’incidence de ce cancer et le taux de mortalité dont il est responsable : la fréquence la plus élevée est constatée dans les populations à peau claire d’Australie et nouvelle Zélande, d’Europe de l’Ouest et du Nord (Danemark, Norvège, Pays Bas) et enfin d’Amérique du Nord. En revanche le mélanome reste rare en Afrique, en Amérique centrale et du Sud, en Asie. Les mêmes variations sont retrouvées pour les taux de mortalité (maximal en Nouvelle Zélande où il est de 5 pour 100 000 personnes-année) mais elles sont moins prononcées. Du reste, la mortalité par mélanome en Asie et Afrique est disproportionnée au regard du faible nombre de cas dans ces contrées.
Si l’incidence et les populations touchées restent stables, il a été estimé avec le vieillissement de la population que le nombre de nouveaux mélanomes aura augmenté de plus de 50 % en 2040 et les décès par mélanome de 68 %. Il faudrait en fait que l’incidence du mélanome diminue de plus de 2 % pour qu’il y ait vraiment moins de cas de mélanomes en 2040. Un pari que doivent affronter les mesures de santé publique à davantage orienter vers la prévention pour les populations à peaux claires, les hommes et les sujets âgés.
Dr Marie-Line Barbet
Arnold M et coll. : Global burden of cutaneous melanoma in 2020 and projections to 2040
JAMA Dermatol., 2022 ; publication avancée en ligne le 30 mars.
doi.org/10.1001/jamadermatol.2022.0160