Quelle qualité de vie après le traitement d’un mélanome évolué ?

Août 30, 2020

Des progrès très significatifs ont été réalisés au cours de ces dernières années dans la prise en charge des mélanomes malins à un stade avancé, c’est-à-dire compliqués de métastases. Ainsi les nouveaux traitements d’immunothérapie appelés inhibiteurs de checkpoint immunitaire (ipilimumab, nivolumab et pembrolizumab) permettent-ils d’espérer une survie prolongée (jusqu’à 5 ans et au-delà). Mais quelle est alors la qualité de vie des malades ?


Ces traitements sont en effet responsables de nombreux effets secondaires et s’ils sont décrits comme étant supportés de manière satisfaisante lors de l’évaluation de l’effet des médicaments (c’est-à-dire au cours des essais cliniques), il n’en est peut-être pas tout à fait de même « dans la vraie vie »…

Au Memorial Sloan Kettering Cancer Center, grand centre de cancérologie à New York (USA), sont suivis de nombreux patients traités par immunothérapie pour un mélanome de stade 3 ou 4. Cent-six d’entre eux (âge médian 65 ans) ayant survécu au moins un an (dont 58 plus de deux ans) ont accepté de répondre à des questionnaires sur leur qualité de vie, par mail, téléphone ou en face à face.

La plupart avaient reçu l’association ipilimumab plus nivolumab (53 %) ou le pembrolizumab (41 %) pendant en médiane 8 mois, parfois dans le cadre d’un essai clinique ; 90 personnes ne recevaient plus de traitement au moment de l’enquête.

Globalement 28 % des malades se plaignent d’être facilement fatigués ce qui a un impact sur leurs capacités physiques (difficulté à marcher longtemps par exemple) et leur vie sociale (notamment pour l’activité professionnelle). Les femmes semblent plus touchées que les hommes surtout en cas de traitement avec la combinaison ipilimumab plus nivolumab. Certains signalent des troubles du sommeil, de l’anxiété, de la dépression.

Les symptômes le plus souvent rapportés sont des douleurs articulaires et musculaires ainsi que des céphalées. D’autre effets secondaires se sont cependant manifestés quel que soit le délai depuis le début du traitement : éruptions cutanées (38 %), colites (27 %), hypothyroïdie (20 %), hépatite (17 %).

Malgré cette liste impressionnante on constate que les patients, y compris ceux qui éprouvent une grande fatigue, donnent à leur qualité de vie une « note » équivalente voire meilleure que celle obtenue dans la population générale indemne de mélanome (83 contre 75 en médiane). Peut-être la traduction d’une certaine résilience après avoir fait face à une maladie potentiellement mortelle…

Dr Marie-Line Barbet

Mamoor M, Postow MA, Lavery JA, et coll. Quality of life in long-term survivors of advanced melanoma treated with checkpoint inhibitors.
Journal for ImmunoTherapy of Cancer 2020;8:e000260. doi:10.1136/ jitc-2019-000260