Grossesse et mélanome, quelles relations ?

Juil 30, 2020

Plusieurs facteurs de risque de mélanome ont été identifiés tels un nombre élevé de naevus, une exposition aux UV importante et en particulier des coups de soleil pendant l’enfance, des antécédents familiaux de mélanome, un âge de plus de 60 ans, et la présence de naevus « atypiques » d’aspect semblable à un mélanome (forme et couleur irrégulières) mais non évolutifs. En revanche, l’influence de la grossesse reste difficile à préciser. 


Le mélanome représente approximativement 8 % des cancers survenant pendant la grossesse. Récemment certains articles ont souligné que le pronostic des mélanomes apparus après une grossesse était plus mauvais que celui des mélanomes survenus avant une grossesse ce qui laisse supposer que l’environnement hormonal lié à la grossesse pourrait avoir un impact sur l’évolution de ces cancers.

Une équipe de dermatologistes australiens rapporte le cas d’une femme de 34 ans qui avait de nombreux naevus dont plusieurs atypiques, dont le père avait eu un mélanome et qui elle-même avait eu un premier mélanome heureusement peu évolué (tumeur in situ, c’est-à-dire limitée à l’épiderme) à l’âge de 19 ans. Quinze ans plus tard alors qu’elle était enceinte de 6 mois, deux nouveaux mélanomes in situ ont été diagnostiqués puis pas moins de 6 autres mélanomes (dont le dernier un peu plus invasif) ont été détectés tout au long de l’année suivante.  La plupart de ces mélanomes étaient survenus sur des naevus préexistants : ils étaient asymétriques avec une bordure irrégulière, une pigmentation inhomogène et mesuraient plus de 6 mm de diamètre.

Cet exemple « extrême » montre qu’à l’évidence les bouleversements biologiques qui accompagnent la grossesse peuvent intervenir dans le développement de mélanomes. Ainsi, l’implication de certaines substances produites pendant la grossesse telles que la protéine PAPP-A (pregnancy associated plasma protein) est suspectée. Par ailleurs, l’équilibre hormonal se modifie en faveur de la croissance du fœtus et est donc susceptible de favoriser la croissance de cellules tumorales.

Les liens entre grossesse et mélanome ne sont pas encore complètement élucidés. Mais en attendant qu’ils le soient, les femmes, avec des facteurs de risque de mélanome devraient être particulièrement vigilantes et se soumettent à une surveillance accrue lorsqu’elles sont enceintes.

Dr Marie-Line Barbet

Nicholas Van Rooij et coll. : Cluster of pregnancy-associated melanoma: A case report and brief update. Journal of Dermatology 2020 : 1–4