Mai 2020 – La fréquence des cancers de la peau, autres que le mélanome, est en constante augmentation dans le monde, l’une des raisons essentielles étant qu’ils touchent surtout les personnes âgées. Ainsi, l’allongement de l’espérance de vie explique-t-elle en partie cette progression.
Parmi ces cancers cutanés non mélanomes (CCNM), seul le carcinome à cellules de Merkel est vraiment grave avec un risque élevé de métastases. Mais c’est aussi le plus rare. Les CCNM les plus souvent observés sont les carcinomes « kératinocytaires » : carcinomes basocellulaires (CBC) dans 80 % des cas et carcinomes épidermoïdes (CE) dans 20 %. Ils ont généralement un très bon pronostic surtout s’ils sont retirés (par une intervention chirurgicale habituellement) -à un stade peu évolué. Dans certains cas exceptionnels ils se compliquent de métastases et l’évolution est moins favorable. Toutefois au cours des dernières années de nouveaux traitements ont été développés pour faire face à cette situation.
Les carcinomes basocellulaires qui se situent le plus souvent sur les zones exposées au soleil, notamment le visage, ont une « croissance » extrêmement lente. Cependant si on les laisse évoluer, ils peuvent arriver à constituer des lésions larges (10 cm2) et profondes qui exposent au risque de métastases. Les chercheurs ont pu identifier les mécanismes biologiques qui interviennent dans l’apparition de métastases et des thérapies ciblées sur une protéine impliquée ont pu être mises au point : il s’agit du vismodegib et du sonidegib, des médicaments que l’on peut prendre par la bouche. Tous deux permettent de contrôler les carcinomes évolués et métastasés dans un pourcentage significatif de cas avec malheureusement des effets secondaires. Les résultats obtenus sont bien meilleurs que ceux observés avec les chimiothérapies classiques. Enfin, récemment il a été découvert qu’un médicament utilisé habituellement pour traiter des mycoses (l’itraconazole) pouvait aussi avoir un effet positif sur les CBC évolués mais des vérifications doivent encore être faites avant de l’affirmer.
Comme les CBC, la plupart des carcinomes épidermoïdes peuvent être traités par la chirurgie. Mais dans un petit nombre de cas, des métastases se développent, au niveau des ganglions puis des autres organes. Là encore, les chercheurs se sont aperçus qu’au sein des tumeurs qui métastasent, il existe des anomalies particulières (mutations) au niveau de l’ADN des cellules. Des thérapies dirigées contre ces anomalies ou leurs conséquences sont proposées. En particulier le cetuximab semble avoir une efficacité appréciable. Cependant des chimiothérapies plus classiques peuvent aussi être utilisées ainsi que certaines immunothérapies (appelées inhibiteurs des points de contrôle immunitaire). Ainsi le cemiplimab, (anticorps monoclonal anti PD1) a donné des résultats très favorables dans plusieurs études.
D’une manière générale, les autres CCNM dont l’évolution est plus grave que de coutume et le carcinome à cellules de Merkel ont bénéficié des progrès accomplis au cours de la dernière décennie dans le traitement des cancers. Des thérapies « ciblées » déjà utilisées pour d’autres tumeurs ou développées plus spécifiquement peuvent désormais aider à procurer une évolution plus favorable aux patients concernés.
Dr Marie-Line Barbet
Tanese K et coll. :
Updates on the Systemic Treatment
of Advanced Non-melanoma Skin Cancer. Frontiers in Medicine, 2019 | Volume 6 | Article 160