Chirurgie en un temps : possible pour les mélanomes peu épais

Mar 6, 2020

Février 2020  – Le traitement d’un mélanome cutané consiste d’abord à l’enlever chirurgicalement (exérèse) selon des normes bien définies.


Cette opération se fait généralement en deux temps :

Dans un premier temps la lésion jugée suspecte (par le médecin, dermatologue le plus souvent) est ôtée en passant à un demi-centimètre autour du bord, placée dans un flacon et envoyée dans un laboratoire d’anatomopathologie pour être examinée au microscope. Si le diagnostic est confirmé, il est recommandé de « reprendre » l’exérèse plus largement afin de ménager une « marge de sécurité » autour du mélanome pour minimiser le plus possible le risque de récidive. La largeur de cette marge de sécurité dépend des constatations faites lors de l’examen au microscope, elle est d’autant plus importante que le mélanome pénètre plus profondément dans la peau. Ces interventions en deux temps sont souvent mal ressenties ; elles prolongent la durée de la prise en charge et entretiennent l’anxiété.

Dans le cas des mélanomes peu épais c’est à dire de moins de 1 mm d’épaisseur, la reprise de l’exérèse doit se faire à 0,5 cm autour de la cicatrice de la précédente opération (soit au total une marge d’un cm autour de la lésion initiale). Ne serait-il pas alors envisageable, lorsque le médecin est certain de son diagnostic, au regard de l’aspect de la lésion notamment à l’examen dermoscopique (fait à l’aide d’un appareil grossissant avec système d’éclairage), de pratiquer l’exérèse en « prenant » tout de suite une marge de sécurité de 1cm autour de la lésion suspecte ? Ainsi ne serait-il pas nécessaire de réintervenir quand l’examen de l’anatomopathologiste conclut à un mélanome de moins de 1 mm, la reprise de l’exérèse ne s’imposant que pour les tumeurs plus épaisses.

C’est la position défendue par une équipe de dermatologistes dans un article à paraître dans un journal spécialisé où ils mettent en évidence (en présentant plusieurs cas de patients emblématiques) les avantages d’une démarche appelée One Step Melanoma Surgery. L’économie d’une deuxième intervention lorsque le diagnostic de mélanome fin est confirmé est appréciable sur tous les plans : plus grand confort (psychologique et physique) du patient, meilleur résultat esthétique, moindre coût pour le malade et pour la société.  Bien sûr ceci ne peut être proposé que dans des cas bien particuliers, lorsque le dermatologiste estime que la lésion a tous les caractères d’un mélanome débutant.  Et encore faut-il accepter a contrario le risque que l’interventionsoit trop large pour les cas où la lésion se révèlerait n’être finalement qu’un grain de beauté, dangereux peut-être mais bénin (voire un mélanome in situ, c’est-à-dire ne dépassant pas l’épiderme où une marge de 0,5 cm est considérée comme suffisante)…. Cela souligne la nécessité d’une information précise et d’un dialogue très concerté entre le patient et son médecin !

Dr Marie-Line Barbet

Tchernev G et coll. :A novel surgical margin (1 cm) might be from benefit for patients with dysplastic nevi, thin melanomas, and melanoma in situ: Analysis based on clinical cases. DermatologicTherapy, 2020, publication avancée en ligne le 11 février. doi.org/10.1111/dth.13261