Bronzage artificiel : un groupe à risque qui s’ignore…

Avr 22, 2018

Avril 2018 – Le dépistage du cancer cutané permet sans aucun doute de déceler des tumeurs peu évoluées, qui pourront être guéries grâce à une simple intervention chirurgicale. Un examen régulier de la peau est fortement recommandé pour les personnes appartenant à des groupes à risque : peau claire, exposition importante et durable au soleil avec notamment des coups de soleil dans l’enfance, antécédents de cancer de la peau personnels ou dans la famille, nombreux naevus…


Mais il est un autre groupe à risque auquel cette mesure devrait s’appliquer : ce sont les adeptes du bronzage artificiel. Dans de nombreux pays, et en particulier en France, les établissements qui proposent des bronzages UV sont soumis à un devoir d’information sur les risques encourus pour la santé, à la fois par oral et par écrit. Ceci peut-être, comme aux Etats-Unis depuis 2014, assorti d’un avertissement : Attention : les personnes qui s’exposent de manière répétée aux rayons UV doivent régulièrement être examinées pour rechercher un cancer de la peau.

Dans quelle mesure ces conseils sont-ils suivis ? C’est ce qu’a cherché à déterminer une enquête menée aux Etats-Unis. Elle a porté sur près de 16 000 personnes dont environ 16 % « consommaient » du bronzage artificiel. Trente pour cent de ces consommateurs s’étaient soumis à au moins un dépistage du cancer cutané…contre 20 % de ceux qui ne s’adonnaient pas au bronzage artificiel.

Ainsi, si l’on constate que le dépistage est un peu plus fréquent parmi ceux qui fréquentent les cabines de bronzage, il reste assez peu pratiqué par ces personnes à risque (moins d’un tiers). Mais c’est tout de même mieux qu’en Europe où des enquêtes semblables ont montré qu’il n’y avait pas de différence entre les utilisateurs d’UV artificiels et les non utilisateurs au regard de la fréquence des dépistages. Par ailleurs, l’étude américaine a révélé que les personnes qui ne se faisaient pas dépister avaient également tendance à moins utiliser des écrans solaires à indice de protection élevé, aggravant ainsi le risque encouru.

Tout ceci montre que les consommateurs d’UV artificiels (et probablement certains de leurs médecins) ne sont pas parfaitement conscients et informés qu’ils constituent un groupe à risque plus élevé de cancer cutané, ce qui doit les conduire à se soumettre à un dépistage régulier. Et si possible à abandonner cette pratique…

Dr Marie-Line Barbet

Heckman CJ et coll. : Prevalence and Correlates of Skin Cancer Screening Among Indoor Tanners and Nontanners. JAMADermatol., 2018 ; publication avancée en ligne le 4 avril. doi:10.1001/jamadermatol.2018.0163