Mélanome de l’enfant, quelques particularités

Août 2, 2017

Juillet 2017 – Le mélanome est très rare chez les enfants (1 à 3 % des cancers observés avant 21 ans). Il semble qu’après une augmentation du nombre des cas à la fin des années quatre-vingt-dix, la fréquence du mélanome a diminué chez l’enfant dans les dix dernières années.


Ce sont en fait les adolescents qui sont le plus concernés par ces variations probablement parce que les mesures de protection solaire sont mieux suivies désormais, grâce en particulier aux nombreuses campagnes de prévention menées au cours des dernières décennies.

En dehors de l’exceptionnel mélanome du nouveau-né et du nourrisson le plus souvent consécutif à la transformation d’un grain de beauté de grande taille présent à la naissance (naevus géant congénital), les facteurs de risque des mélanomes de l’enfant avant la puberté et après, sont proches de ceux qui prévalent chez l’adulte. Mais il faut insister sur l’importance de l’histoire familiale surtout pour les enfants les plus jeunes, un ou plusieurs membres de la famille ayant eu un mélanome dans 5 à 10 % des cas.

L’exposition au soleil sans protection avec des antécédents de plus de trois coups de soleil et le bronzage artificiel, gardent cependant une grande responsabilité dans l’augmentation du risque de mélanome chez les adolescents et les jeunes adultes.

Alors qu’avant la puberté, les mélanomes touchent plus fréquemment des enfants « non blancs », la plupart des adolescents atteints sont blancs avec une peau, des cheveux et des yeux clairs (phototype davantage photosensible). La présence d’un grand nombre de grains de beauté acquis (non congénitaux) en particulier d’aspect « dysplasiques » c’est-à-dire irréguliers dans leur forme et leur couleur et de grande taille, est un autre élément qui augmente le risque de mélanome.

Le risque d’apparition d’un mélanome « à partir » d’un naevus congénital (présent à la naissance dépend de la taille de celui-ci ; il est très faible (moins de 1 %) pour les petits (moins de 1,5 cm) et même les moyens (1,5 à 20 cm) et se manifeste surtout après la puberté. Lorsque le naevus est de plus de 20 cm, le risque que survienne un mélanome est en revanche beaucoup plus élevé et alors maximal pendant l’enfance. La « transformation » d’un grain de beauté semble être un phénomène beaucoup plus fréquent chez l’enfant que chez l’adulte. Une étude montre que plus de 37 % des mélanomes des jeunes enfants sont liés à un naevus congénital et 12 % pour les adolescents.

Une autre particularité des mélanomes des enfants est qu’ils ont souvent un aspect « atypique » ne suivant pas la fameuse règle ABCDE (Asymétrie, Bordure irrégulière, Couleur inhomogène, Diamètre de plus de 5 mm, Evolutivité). Par exemple, dans un nombre significatif de cas, le mélanome de l’enfant n’est pas pigmenté (on dit qu’il est amélanotique), il se présente souvent sous la forme d’un nodule (petite boule) parfois saignottant, de couleur uniforme. Il est parfois de petite taille. Il est plus souvent localisé sur le cou, la tête, le visage, l’extrémité des membres chez les jeunes enfants et sur le tronc chez les adolescents.

Du fait de la rareté du mélanome au jeune âge et de toutes ces caractéristiques inhabituelles, les médecins évoquent moins facilement ce diagnostic. Cela explique que le diagnostic est souvent fait avec retard.

Au moment du diagnostic les mélanomes des enfants sont en général plus épais que ceux des adultes et s’accompagnent déjà plus souvent de métastases. Pour autant, il semble que les mélanomes des jeunes enfants, même à un stade avancé aient un meilleur pronostic que ceux des adolescents et des adultes. La prise en charge est en général la même que pour les adultes.

Bien que rare, la possibilité de survenue d’un mélanome avant 21 ans, doit encourager encore davantage à la plus grande prudence vis-à-vis de l’exposition solaire et le bronzage artificiel, particulièrement dangereux chez l’adolescent.

Pour les plus jeunes enfants, des examens réguliers de la peau doivent être réalisés en cas d’antécédents de mélanome dans la famille, de présence de naevus congénitaux de grande taille ou encore d’antécédents de cancer, toute modification ou apparition d’une lésion suspecte devant mener à consulter rapidement le dermatologiste.

Dr Marie-Line Barbet

Stefanaki C et coll. : Pediatric Melanoma. J Eur Acad Dermatol Venereol., 2017; publication avancée en ligne le 27 avril. doi: 10.1111/jdv.14299