Comment se protège-t-on du soleil après un mélanome ?

Avr 28, 2017

Avril 2017 – Parmi les facteurs de risque de développer un mélanome, une exposition excessive aux UV est probablement l’un des plus importants. Chez les personnes qui ont déjà eu un mélanome, le risque d’en avoir un autre est environ neuf fois plus élevé que dans la population générale et cette situation persiste pendant les vingt années qui suivent le premier diagnostic. Il est donc particulièrement indiqué de se protéger des UV après un premier mélanome afin de réduire le plus possible le risque d’en avoir un second. Mais les patients concernés sont-ils dans les faits suffisamment prudents ?


Il semble malheureusement que non.

Des chercheurs aux Etats-Unis ont comparé le comportement face à l’exposition au soleil et au bronzage artificiel de patients ayant eu un mélanome entre juillet 2004 et décembre 2007 (ils avaient entre 25 et 59 ans au moment du diagnostic) et celui de  personnes de même groupe d’âge et n’ayant pas eu de mélanome. Tous ont été conviés à remplir en ligne un questionnaire sur l’exposition aux UV (nombre d’heures par jour entre 10 heures du matin et 4 heures de l’après-midi) au cours de l’été précédent, la survenue éventuelle de coups de soleil et leur intensité, les mesures de protection employées (écran total, vêtements, ombre, bronzage « intentionnel » de protection), et le recours au bronzage artificiel pendant l’année écoulée.

Sept cent vingt-quatre personnes ayant eu un mélanome et 660 personnes n’en ayant pas eu ont complété ce questionnaire. Le comportement des premiers face aux UV apparaît certes dans l’ensemble plus approprié : au cours de l’année précédente, ils ont été moins nombreux à être restés plus d’une heure au soleil (35 % contre 44 % des personnes sans antécédents de mélanome), à avoir eu des coups de soleil (19 % contre 36 %), avoir fait du bronzage artificiel (1,6 % contre 6,8 %) et du bronzage intentionnel (10 % contre 23 %). De même une plus grande proportion d’entre eux ont employé les écrans solaire (61 % contre 38 %), porté une chemise avec des manches (77 % contre 65 %), un chapeau (33 % contre 22 %) et se sont mis à l’ombre (48 % contre 28 %).

Ces chiffres peuvent sembler rassurants quant à l’attitude des personnes qui ont eu un mélanome et qui manifestent tout de même plus de prudence que les autres. Mais il n’en demeure pas moins qu’un pourcentage non négligeable d’entre elles continuent d’être victimes de coups de soleil (signe d’exposition excessive), s’adonnent au bronzage artificiel et les mesures de protection adoptées sont loin d’être optimales…

Voilà sans doute un point à aborder dans de futures campagnes de prévention contre le mélanome : promouvoir une meilleure photoprotection pour ceux qui ont déjà eu un mélanome et pour lesquels les risques sont encore majorés.

Dr Marie-Line Barbet

Vogel RI et coll. : Sun exposure and protection behaviors among long term melanoma survivors and population controls. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev., 2017; 26 : 607-613. doi: 10.1158/1055-9965.EPI-16-0854.