Une plus « haute surveillance » pour les mélanomes de stade II

Mar 31, 2017

Mars 2017 – Les modalités du suivi des malades après un mélanome malin à un stade débutant (sans métastases aux ganglions ni aux organes) dont le traitement repose essentiellement sur une intervention chirurgicale, sont guidées par des recommandations : en général une consultation tous les 6 mois pour une tumeur de moins de 1 mm d’épaisseur et pour les tumeurs de plus de 1 mm une consultation tous les 3 à 6 mois pendant 2 ans puis tous les 6 mois. Toutefois ces directives restent vagues quant au praticien qui doit assurer cette surveillance (chirurgien, cancérologue ou dermatologiste) et sur la place qui doit être donnée aux examens de radiologie. De sorte que les patients ne sont pas tous suivis de la même façon selon les pays et d’un hôpital à l’autre.


Or, la question se pose de l’opportunité d’intensifier le suivi en cas de mélanome stade II (plus de 1 mm d’épaisseur) qui, bien qu’ils soient considérés comme débutants, parce que sans métastases, n’en comportent pas moins un risque de récidive relativement élevé.

Une équipe de chirurgiens et dermatologistes américains a eu l’idée d’examiner les circonstances dans lesquelles étaient diagnostiquées les récidives en cas de mélanome de stade II, espérant ainsi trouver des indices pour affiner la surveillance des malades.

En reprenant les dossiers de 581 patients présentant un mélanome de stade II traités dans deux hôpitaux universitaires aux Etats Unis, ils ont constaté qu’une récidive était survenue pour 171 d’entre eux (29,4 %). Dans 39 % de ces cas, ce sont des symptômes éprouvés par le malade lui-même (toux, saignements, découverte d’un « nodule », d’un ganglion) qui ont donné l’alerte. Alors que la récidive n’a été dépistée par les praticiens en charge de la surveillance que pour 30 % d’entre eux, et la radiologie pour 26 %. Le plus souvent la récidive s’était manifestée par des métastases ganglionnaires.

Par ailleurs l’équipe note que le fait d’être un homme, d’être plus avancé en âge et le fait que le mélanome ait certaines caractéristiques (plus grande épaisseur, ulcération…) augmentent le risque de récidive.

De ces observations, il découle que la surveillance doit être probablement plus intensive qu’il n’est recommandé pour certains patients atteints d’un mélanome de stade II, notamment les hommes âgés et quand les tumeurs ont des caractéristiques jugées délétères. Les récidives se signalant majoritairement par des symptômes ou étant découvertes par le praticien lorsqu’il examine son patient, il ne semble pas qu’il y ait davantage besoin d’explorations d’imagerie, sauf peut-être d’échographie pour détecter des ganglions.    La question est d’importance puisque l’on dispose désormais de traitements (traitements ciblés, immunothérapie) pour contrôler ces récidives et ils sont d’autant plus efficaces que ces récidives sont diagnostiquées rapidement.

Dr Marie-Line Barbet

Berger A C et coll. : Patient Symptoms Are the Most Frequent Indicators of Recurrence in Patients with American Joint Committee on Cancer Stage II Melanoma. J Am Coll Surg. 2017, publication avancée en ligne le 8 février. doi: 10.1016/j.jamcollsurg.2016.12.038.