Mai 2022 – Les carcinomes basocellulaires et épidermoïdes sont les cancers de la peau les plus fréquents. Comme pour les mélanomes, le principal facteur de risque est l’exposition aux rayons ultraviolets (UV) et les personnes à peau claires sont davantage susceptibles de développer ce type de tumeur. Mais qu’en est-il pour les personnes à peau plus foncée, avec des phototypes classés de IV à VI, allant du teint très mat qui bronze sans jamais de coups de soleil ou presque, à la peau noire ?
Pour répondre à cette question, une équipe de dermatologues des Etats-Unis a recherché les études parues à ce sujet dans la littérature médicale, c’est-à-dire ayant abordé les risques encourus par les personnes non blanches quand elles sont exposées aux UV naturels ou artificiels. Elle en a trouvé une douzaine, la plupart menées sur les populations de l’Asie du Sud Est. Une avait été faite au Chili.
Cinq études venant de Corée et trois de Taiwan n’ont trouvé aucune association entre l’exposition à des UV artificiels utilisée au cours de traitements (appelés photothérapie) de certaine maladie de peau et l’émergence de carcinomes basocellulaires et épidermoïdes regroupés sous le terme de carcinomes kératinocytaires (CK).
En revanche 4 études ont trouvé une augmentation du risque de CK chez les personnes de plus de 60 ans en relation avec une exposition annuelle aux UV plus importante sous certaines latitudes. Une autre étude faite au Japon a mis en évidence un risque accru de carcinome épidermoïde chez les travailleurs à l’extérieur (les hommes mais pas les femmes). Et enfin, dans une population taiwanaise, il a été constaté que les hommes exposés à un jeune âge (entre 15 et 24 ans) au soleil et les femmes exposées tout au long de leur vie avaient davantage de carcinomes épidermoïdes.
Ainsi l’implication des UV dans la survenue de carcinomes kératinocytaires pour les personnes avec des peaux « non blanches » pourrait dépendre du type d’exposition. Mais il manque à l’évidence des études pour préciser les risques qui menacent ces patients. La fréquence des CK en cas de peau foncée est bien moindre qu’en cas de peau blanche. Mais ces CK sur peau foncée sont aussi souvent diagnostiqués avec retard du fait de leur rareté et parce qu’ils sont atypiques. Ainsi sont-ils parfois reconnus alors qu’ils sont déjà évolués voire compliqués de métastases.
La participation des UV à l’apparition des CK sur peau foncée ne doit pas être négligée même si elle est minime.
Dr Marie-Line Barbet
Kolitz E et coll. : UV Exposure and the Risk of Keratinocyte Carcinoma in Skin of Color: A Systematic Review.
JAMA Dermatol., 2022; 158(5): 542-546.
doi: 10.1001/jamadermatol.2022.0263.