Vitamine D et cancer de la peau, au-delà du paradoxe

Avr 4, 2022

Mars 2022 – Les cancers de la peau, mélanome, carcinome épidermoïde et basocellulaire sont en grande partie liés à l’exposition aux UV. Par ailleurs, la vitamine D n’est pas normalement présente dans l’organisme mais elle est synthétisée grâce à l’exposition de la peau aux UV et peut être également apportée par l’alimentation. Or on constate que beaucoup de personnes qui sortent peu (personnes âgées), travaillent beaucoup à l’intérieur, vivent dans des zones peu ensoleillées ou encore se protègent du soleil et s’y exposent a minima ont un manque de vitamine D. Ce manque de vitamine D a potentiellement des effets délétères pour la santé et en particulier il peut favoriser…le cancer, y compris le cancer de la peau.   

Cette situation bien compliquée a suscité de nombreuses études qu’une équipe de dermatologistes a analysées pour trouver des réponses à la question suivante : que faire pour avoir suffisamment de vitamine D pour à la fois éviter un cancer de la peau tout en n’augmentant pas le risque d’en avoir un ?   

Au terme de leur exploration d’une soixantaine d’études, ils font plusieurs constatations. 

Ce sont essentiellement les coups de soleil dans l’enfance et les expositions solaires intermittentes qui augmentent le risque de mélanome. Alors que c’est l’exposition continue et l’avancée en âge qui conduit à la survenue des carcinomes, au vieillissement accéléré de la peau et à l’immunosuppression. Ainsi une exposition raisonnable aux heures d’ensoleillement les moins importants est-elle possible, ceci étant à moduler en fonction du phototype défini par la teinte de la peau, la couleur des yeux et des cheveux et la capacité à bronzer. La latitude sous tendant le degré d’ensoleillement est également à considérer. 

Dans ce cadre, les écrans solaires peuvent être utilisés. Ils n’empêchent pas une synthèse correcte de vitamine D. Celle-ci ne nécessite d’ailleurs que très peu d’exposition pour être suffisante. Les UV naturels sont plus efficaces à ce titre que les UV artificiels qui n’entraînent qu’une très faible et transitoire synthèse de vitamine D. En revanche les UV artificiels sont tout à fait capables d’induire des cancers de la peau. 

On l’a dit, la vitamine D a un effet protecteur contre le développement de nombreux cancers et vraissemblablement des cancers de la peau. Avoir un taux de vitamine D dans le sang suffisant est donc important. Cela peut se faire par une exposition raisonnée au soleil (90 % de la synthèse de vitamine D est obtenue par ce biais) mais aussi grâce à la supplémentation (ampoules de vitamine D) et l’alimentation. 

Finalement, les conclusions de cette équipe sont triples : 

  • Les personnes qui sont à risque de cancer cutané (parce qu’elles ont des antécédents de cancer cutané, se sont beaucoup exposées, sont immunodéprimées…) doivent se protéger soigneusement du soleil. 
  • La vitamine D apportée par l’alimentation ou les suppléments étant identique à celle procurée par le soleil, il vaut mieux privilégier ces voies pour avoir un taux suffisant de vitamine D. 
  • Et chez les patients qui ont ou ont eu un mélanome ou qui ont un risque accru de cancer de la peau, il faut vérifier régulièrement le taux de vitamine D dans le sang pour détecter et éviter un manque en cette vitamine. 

Dr Marie-Line Barbet 

 Martin-Gorgojo A et coll. : Vitamin D and Skin Cancer: An Epidemiological, Patient-Centered Update and ReviewNutrients. 2021 Nov 28;13(12):4292. doi: 10.3390/nu13124292.