Octobre 2021 – Les kératoses actiniques (KA), très fréquentes, se présentent sous la forme de plaques de petite taille rugueuses plus ou moins épaisses, brunâtres, parfois rougeâtres. Elles apparaissent sur la peau des zones du corps les plus exposées au soleil : visage, décolleté, haut du dos, mains, jambes…Elles sont en effet la conséquence des expositions répétées aux UV tout au long des années. Elles sont observées principalement après l’âge de 40 ou 50 ans.
Outre qu’elles peuvent être disgracieuses, ces KA comportent le risque de pouvoir se transformer en un carcinome épidermoïde cutané, risque difficilement mesurable mais qui pourrait concerner 20 % de ces lésions, et serait d’autant plus à craindre pour les personnes qui ont déjà eu un carcinome kératinocytaire (carcinome épidermoïde ou basocellulaire).
Bien que les KA puissent disparaître spontanément, il semble justifié de traiter ou au minimum de surveiller celles qui persistent. Différentes options existent pour les « détruire » qu’un groupe de spécialistes américains a examiné pour tenter de préciser lesquelles semblent les plus efficaces.
Une première méthode, sans doute la plus utilisée, est la cryothérapie qui consiste à appliquer pendant quelques secondes de l’azote liquide sur la KA pour la « congeler », ce qui entraîne dans les jours suivants son décollement de la peau et sa disparition. Le taux d’efficacité dépasse 90 %. Les inconvénients sont le caractère désagréable de l’application, le délai de cicatrisation, la possibilité d’une dépigmentation (tache blanche). Cette technique apparaît néanmoins préférable à l’utilisation du Laser.
Si l’on veut traiter plusieurs KA, éventualité qui n’est pas rare lorsque la « consommation » de soleil a été importante et sur certaines zones par exemple le crâne des messieurs chauves, le front, le décolleté, on peut avoir recours à des crèmes, sortes de chimiothérapies « locales » avec lesquelles il est possible de détruire les KA dans environ 60 % des cas : crème au 5 Fluorouracile (à appliquer matin et soir pendant 4 semaines), crème à l’imiquimod (application deux à trois fois par semaine pendant 4 à 6 semaines). Elles peuvent bien sûr être utilisées aussi sur des KA isolées. Leurs principaux effets secondaires sont de provoquer une irritation de la peau parfois importante.
Autre option, la photothérapie dynamique, qui, elle, s’adresse vraiment aux KA multiples. Elle consiste à appliquer préalablement sur la peau un produit photosensibilisant (amino lévulinate de méthyle) qui va potentialiser l’effet d’un rayonnement destiné à détruire les KA. Ce rayonnement peut être celui d’un laser, d’une lampe LED…et même de la lumière du jour. La technique, pour être efficace est douloureuse, et provoque également des irritations importantes.
Enfin, une crème au diclofénac (un antiinflammatoire déjà ancien), appliquée deux fois par jour pendant plusieurs semaines (3 mois) est d’une efficacité moindre mais n’a pratiquement pas d’effets secondaires.
Il reste un élément essentiel, c’est d’adopter vis-à-vis du soleil une attitude très prudente en recourant le plus possible aux écrans solaires d’indice de protection maximal (50 + en France).
Dr Marie-Line Barbet
Eisen DB et coll. : Guidelines of care for the management of actinic keratosis. J Am Acad Dermatol.,. 2021; 85(4):e209-e233.
(doi: 10.1016/j.jaad.2021.02.082.)