Les immunothérapies pour mélanomes métastatiques tiennent leurs promesses dans la vraie vie

Oct 14, 2021

Septembre 2021 – Au cours de la dernière décennie, de grands progrès ont été faits dans le traitement du mélanome malin au stade de métastases avec la mise au point d’immunothérapies. Appelés inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (IPI), ces médicaments agissent sur le système immunitaire afin de lutter contre la tumeur. 

Contrairement aux chimiothérapies classiques, ces traitements se sont montrés capables d’allonger significativement la vie de patients avec des mélanomes à un stade avancé III ou IV (c’est-à-dire inopérables parce que très étendus ou avec des métastases à distance) dont le pronostic était jusque-là très mauvais. Cependant ces résultats ont été observés au cours des essais thérapeutiques, obligatoires avant la mise sur le marché des médicaments. Or dans ces essais les patients sont sélectionnés sur leur âge, leur état de santé général et d’autres critères de sorte que l’on ne peut tout à fait extrapoler à ce qu’il en sera dans la vraie vie pour des malades « tout-venants ». 

Une équipe de cancérologues et dermatologues du Royaume-Uni s’est donc intéressée au devenir de 2 322 patients qui entre le 1er avril 2014 et le 31 décembre 2018 ont reçu « en première ligne de traitement » un IPI pour un mélanome métastatique dans un parmi 56 hôpitaux différents du Royaume-Uni ; 724 malades ont eu de l’ipilimumab, 1 174 du pembrolizumab, 52 du nivolumab et 372 la combinason ipilimumab/nivolumab (ipinivo). Il s’agissait de patients adultes de tous les âges (de 17 à 97 ans) en médiane de 68 ans. Moins de 10 % d’entre eux n’étaient pas en bon état général. 

On constate que trois ans après le début du traitement, 30 % de ceux qui avaient pris l’ipilimumab  (première immunothérapie prescrite en 2011) étaient en vie, 40 % de ceux qui avaient pris le pembrolizumab, 51 % de ceux qui avaient eu le nivolumab et 56 % de ceux qui avaient reçu l’ipinivo. 

Ces résultats sont globalement en accord avec ceux retrouvés dans les essais sauf en ce qui concerne le pembrolizumab ; avec cette dernière molécule, les chiffres sont moins bons dans la vraie vie (40 % contre 51 %) probablement parce que les patients traités sont plus âgés et avec davantage de métastases (parfois cérébrales) que dans les essais. Par ailleurs les effets secondaires apparaissent plus fréquents et plus graves sous ipinivo que sous pembrolizumab ou nivolumab. Mais ils sont moins souvent rapportés que dans les essais probablement du fait d’un suivi plus erratique entre hôpitaux et cliniques. 

Ces observations suggèrent que ipinivo et pembrolizumab tiennent bien leurs promesses dans la vraie vie et laissent espérer aux malades atteints d’un mélanome à un stade avancé, métastatique, une prolongation significative de leur vie. 

Dr Marie-Line Barbet 

Board R et coll. : Metastatic melanoma patient outcomes since introduction of immune checkpoint inhibitors in England between 2014 and 2018. Int J Cancer., 2021;148(4):868-875. doi: 10.1002/ijc.33266.