Mélanome : quel rôle joue l’hérédité ?

Sep 30, 2020

Depuis très longtemps (1820) on sait qu’avoir un teint, des cheveux et des yeux clairs augmente le risque de mélanome.  Ces caractéristiques sont le plus souvent héréditaires ce qui a fait supposer que certains traits génétiques étaient des facteurs de risque de mélanome.

Plus tard, des familles dont plusieurs membres étaient atteints de mélanome malin ont été identifiées, corroborant ces premières suspicions. Désormais, l’existence dans une même famille de personnes présentant un grand nombre de grains de beauté, de personnes ayant eu un ou plusieurs mélanomes particulièrement à un âge jeune est considérée comme un « syndrome » familial (appelé FAMMM, pour familial atypical multiple mole melanoma syndrome) lié à une anomalie (c’est-à-dire une mutation) sur un gène. Pour autant une mutation n’est identifiée que pour 25 à 50 % de ces familles prédisposées au mélanome.

Plusieurs gènes sont suspectés comme pouvant être impliqués dans ces syndromes familiaux. La mutation la plus souvent retrouvée concerne un gène appelé CDKN2A mais il en est d’autres dont beaucoup, probablement, n’ont pas encore été découvertes.

Pour autant, présenter une mutation au niveau d’un gène « ne suffit » pas à provoquer l’apparition d’un mélanome. Le mode de vie au regard des expositions solaires et l’environnement avec le degré d’ensoleillement du lieu d’habitation comptent aussi. Ainsi la probabilité pour une personne avec une mutation du gène CDKN2A de développer un mélanome varie-t-elle selon l’endroit où elle habite, autrement dit selon l’importance de la dose de rayons ultra-violet UV qu’elle reçoit et la fréquence du mélanome dans le pays où elle vit.

Même dans une population où le mélanome n’est pas rare comme par exemple aux USA, la probabilité de trouver une mutation du gène CDKN2A chez un patient à qui l’on a diagnostiqué un mélanome est de 2 %. Ce pourcentage augmente considérablement (de 12 à 40 %) lorsque ce patient appartient à une famille dont un ou plusieurs membres ont été victimes de mélanome. Ainsi réaliser un test pour déterminer « son » risque individuel de mélanome ne se justifie-t-il qu’en fonction de l’histoire familiale en prenant aussi en compte la fréquence de la maladie dans le pays où l’on est et les rayonnements solaires que l’on a reçus.

Ce type de recherche génétique ne doit de toute façon être fait qu’en concertation avec des médecins. Le coût, les conséquences psychologiques d’un résultat positif, la possibilité fréquente d’un résultat négatif « dans l’état actuel des connaissances » doivent être gardées à l’esprit.

Au demeurant appartenir à une famille dont un ou plusieurs membres ont été victimes de mélanome est de toute façon considéré comme à haut risque (quels que soient les résultats d’éventuels tests génétiques) et conduire à une surveillance accrue et une prévention rigoureuse.

Dr Marie-Line Barbet

Abdo JF et coll. : Role of heredity in melanoma susceptibility. A primer for the practicing surgeon.
Surg Clin North Am, 2020;100(1):13-28. doi: 10.1016/j.suc.2019.09.006.