Les cancers de la peau non mélanome sont les cancers les plus fréquents et parmi eux, le carcinome basocellulaire occupe la première place loin devant le carcinome épidermoïde et d’autres formes (carcinomes à cellules de Merkel par exemple) encore plus rares. Par ailleurs, le nombre de ces cancers ne cesse d’augmenter dans le monde du fait du vieillissement de la population car ils touchent préférentiellement les personnes âgées.

Ces cancers et en particulier le carcinome basocellulaire ne sont généralement pas une menace pour la vie mais ils peuvent évoluer localement et détruire la peau et le tissu sous cutané autour d’eux. Parfois, certains carcinomes épidermoïdes se compliquent de métastases. Il est donc impératif de diagnostiquer et traiter rapidement et correctement ces tumeurs. Divers traitements sont proposés pour les cancers de la peau non mélanome mais la chirurgie reste sans conteste le principal d’entre eux.
Tout commence par une biopsie, c’est-à-dire le prélèvement d’un petit morceau de la tumeur qui pourra être examiné au microscope (examen anatomopathologique). Parfois lorsque la lésion est de petite taille, elle peut être enlevée complètement par la biopsie.
L’examen au microscope est essentiel non seulement pour confirmer le diagnostic mais aussi pour déterminer le degré de gravité de la tumeur. Celui-ci dépend principalement de la présence ou non d’un envahissement de certaines structures de la peau (nerfs, vaisseaux), de l’épaisseur de la tumeur, de la taille de la lésion (moins ou plus de 2 cm) et de certaines circonstances de survenue (plus grave en cas de récidive ou quand il s’agit d’une complication d’un traitement par immunosuppresseurs chez les personnes greffées par exemple). Le type d’intervention chirurgicale dépend étroitement de ces facteurs de gravité : elle doit être suffisamment « large » pour éliminer totalement la tumeur et ainsi éviter la récidive.
Ainsi, pour retirer les petits carcinomes basocellulaires (moins de 2 cm) respecter une marge de 2 à 5 mm autour de la lésion est considéré comme suffisant. Pour les petits carcinomes épidermoïdes, elle devra être de 4 à 6 mm. Lorsqu’il s’agit d’une récidive et/ou de tumeurs à haut risque selon l’examen au microscope, la marge doit être plus importante. Enfin pour les tumeurs de plus grande taille (plus de 4 cm), les marges vont jusqu’à 1 cm.
De telles interventions au niveau du visage ou du cuir chevelu où 85 % de ces carcinomes surviennent sont difficiles et lorsqu’elles doivent être étendues elles réclament le concours de chirurgiens plasticiens et éventuellement d’autres spécialistes (ophtalmologue, ORL, neurologue) pour garantir un bon résultat esthétique et fonctionnel.
En dehors de cas exceptionnels, les carcinomes basocellulaires et épidermoïdes cutanés sont guéris par l’intervention chirurgicale. Il n’en reste pas moins qu’après l’intervention, il faudra se plier à une surveillance régulière pour dépister une récidive toujours possible et/ou l’apparition d’autres tumeurs semblables.
Dr Marie-Line Barbet
Kansara S et coll. : Surgical management of non melanoma skin cancer of the head and neck.
Oral Oncol.,. 2020; 100:104485.doi: 10.1016/j.oraloncology.2019.104485.