Un article publié dans une revue médicale britannique de renom, le British Medical Journal, propose aux médecins généralistes quelques pistes pour reconnaître un cancer de la peau « non mélanome ». Des pistes que tout un chacun pourrait suivre avant de consulter…
Ces cancers de la peau qui ne sont pas des mélanomes, c’est-à-dire essentiellement les carcinomes épidermoïdes et basocellulaires sont les plus fréquents des cancers. Ils sont liés à l’exposition au soleil et touchent davantage les personnes âgées. L’allongement de la durée de vie fait qu’ils sont de plus en plus nombreux.
Lorsqu’une anomalie apparaît et persiste sur la peau, plusieurs éléments sont à considérer : la forme, le relief, l’aspect de la surface, des bords, la couleur, la consistance, l’endroit où cela se trouve sur le corps…
Ainsi un nodule (c’est-à-dire une boule de plus de 5 mm soulevant la peau) qui a « poussé et grossi » en quelques mois, ferme, tendu parfois douloureux, recouvert d’une peau de couleur normale ou au contraire croûteuse de manière parfois exubérante (véritable corne), ou encore avec une plaie qui creuse, est susceptible de correspondre à un carcinome épidermoïde.
Le carcinome basocellulaire (CBC) peut avoir des aspects plus divers : nodules plus ou moins translucides bien limités par un bord ourlé, souvent parcourus par des vaisseaux, parfois ulcérés en leur centre (CBC nodulaires), taches rouges de surface écailleuse s’étalant lentement (CBC superficiels), taches blanc rosé déprimées ressemblant à une cicatrice (CBC sclérodermiforme), plaque pigmentée (CBC pigmenté qui peut être facilement confondu avec un mélanome).
Toutes ces lésions se situent le plus souvent sur des zones non recouvertes par les vêtements soit toujours soit occasionnellement (visage, mains, épaules, décolleté, mains…). Elles ont pour principale caractéristique de n’avoir aucune tendance à guérir. En tout cas, elles doivent conduire à consulter un médecin généraliste ou un dermatologiste d’autant plus rapidement que l’on pense avoir un carcinome épidermoïde, potentiellement plus grave qu’un CBC.
Le médecin va le plus souvent examiner la lésion avec un dermatoscope et pratiquer une biopsie (prélèvement d’un fragment de la lésion voire de la totalité si elle est petite) afin de poser le diagnostic grâce à un examen au microscope. Si besoin la chirurgie sera complété soit par le dermatologiste lui-même soit par un chirurgien plasticien.
Même si les carcinomes non mélanomes ont, dans la grande majorité des cas, un bon pronostic, ils n’en entraînent pas moins beaucoup de désagréments avec la nécessité d’interventions chirurgicales laissant des cicatrices parfois affichantes sur le visage. C’est souligner une fois encore la nécessité de se prémunir contre les dangers du soleil dont ces carcinomes tout comme les mélanomes sont un témoignage, particulièrement en présence de facteurs de risque (peau claire, antécédents d’exposition au soleil, immunosuppression, présence de cicatrices de brûlure, de lésions précarcinomateuses telles que les kératoses actiniques etc…).
Dr Marie-Line Barbet
H Smith, A Wernham, A Patel : When to suspect a non-melanoma skin cancer. BMJ 2020;368:m692. doi.org/10.1136/bmj.m692