Avril 2020 – Les UV (rayons ultraviolets) jouent un grand rôle dans la survenue de cancers cutanés dont les mélanomes bien sûr mais aussi les carcinomes basocellulaires et épidermoïdes (CEC) de meilleur pronostic. En ce qui concerne ces derniers, c’est l’accumulation des expositions au soleil tout au long de la vie qui conduit à leur développement (alors que pour les mélanomes et les carcinomes basocellulaires, ce sont plutôt les expositions intermittentes et dans l’enfance.) Ceci explique que les CEC touchent des personnes plus âgées, qui ont beaucoup vécu au soleil, s’y sont beaucoup exposées et/ou ont exercé des activités à l’extérieur (agriculteurs, jardiniers etc..).
Par ailleurs on sait que le bronzage artificiel, (cabines à UV, lampes UV) accroît le risque de cancers cutanés. Mais l’on peut se demander si, comme pour les rayons solaires, le risque de CEC augmente avec la quantité totale d’UV artificiels reçus.
Pour tenter de répondre à cette question, des chercheurs norvégiens se sont penchés sur une population de plus de 150 000 femmes norvégiennes nées entre 1927 et 1963, dont l’état de santé a été suivi régulièrement entre 1991 et 2015. De plus il leur a été demandé si elles avaient été victimes de coups de soleil, si elles avaient passé des vacances au soleil et fait des séances de bronzage artificiel au cours de leur enfance, adolescence et à l’âge adulte, en indiquant le nombre et la fréquence de ces séances.
Pendant les quelque 20 ans de la poursuite de l’étude un cancer épidermoïde cutané a été diagnostiqué chez 597 femmes. Et l’on a pu constater que le risque d’avoir un CEC était beaucoup plus élevé chez celles qui avaient fait des séances d’UV par rapport à celles qui n’en avaient jamais fait. Le danger était quelque peu modulé par le nombre d’années d’utilisation (plus ou moins de 10 ans) et l’âge lorsque les séances avaient débuté (plus ou moins trente ans) mais toujours plus marqué que si il n’y avait pas eu d’exposition aux UV artificiels. En fait c’est le nombre de séances, c’est-à-dire finalement la quantité totale d’UV artificiels reçus dans la vie qui est le facteur le plus important dans l’augmentation du risque de CEC par l’exposition aux UV artificiels.
Ces constatations soulignent le danger des UV artificiels vis-à-vis du carcinome épidermoïde. Même si ces cancers sont moins graves que le mélanome, ils peuvent être redoutables et leur traitement chirurgical entrainer des séquelles disgracieuses d’autant que ces tumeurs sont très souvent localisées sur le visage. Des raisons supplémentaires pour éviter les UV, artificiels ou non !
Dr Marie-Line Barbet
Lergenmuller S et coll. : Association of Life time Indoor Tanning and Subsequent Risk of Cutaneous Squamous Cell Carcinoma. JAMA Dermatol. 2019;155(12):1350-1357. doi:10.1001/jamadermatol.2019.2681