Cancer de la peau non mélanome, une menace sous-estimée

Avr 5, 2020

Mars 2020 – Les cancers de la peau autres que les mélanomes, c’est-à-dire essentiellement les carcinomes baso-cellulaires (CBC) et les carcinomes épidermoïdes (CE) sont les cancers les plus fréquents dans le monde. 


Par exemple aux Etats Unis trois millions de ces cancers cutanés non mélanomes (CCNM) sont diagnostiqués chaque année. Au Royaume Uni, entre 2014 et 2016, Il y a eu 147 000 nouveaux cas de CCMN par an (400 par jour). La fréquence de ces cancers a augmenté régulièrement au cours des dernières décennies et ils touchent de plus en plus souvent des personnes jeunes de moins de 40 ans et des femmes.  Mais, contrairement au mélanome, la mortalité liée aux CCNM reste faible et ne représenterait que moins de 1 % de la mortalité globale liée à l’ensemble des cancers. Le taux de survie, 5 ans après le diagnostic est de 100 % en cas de CBC et de 95 % en cas de CE.

Cependant, le traitement de ces cancers reste assez mal codifié, surtout parce que l’on a longtemps manqué d’une classification des différents types de tumeurs en fonction de leur gravité (risque d’évolution, de métastases). Ce n’est désormais plus le cas maintenant surtout en ce qui concerne les carcinomes épidermoïdes.

D’autres améliorations sont également intervenues notamment sur le plan des techniques chirurgicales : on peut enlever les tumeurs (qui sont très souvent localisées au visage) suffisamment largement pour prévenir les récidives mais avec un bon résultat esthétique. La radiothérapie, l’électrochimiothérapie, peuvent être dans certains cas une alternative à la chirurgie.  Enfin il est possible de recourir pour certaines tumeurs superficielles à des traitements « topiques » (crème à l’imiquimod, au 5 fluorouracile).

Pour les carcinomes compliqués de métastases et/ou inopérables qui touchent plus souvent des personnes âgées (plus de 80 ans), immunodéprimées, de nouveaux traitements sont apparus récemment (immunothérapies, inhibiteurs hedgegog…) plus efficaces que les chimiothérapies « classiques » qui ne l’étaient guère.

Il n’en reste pas moins que la grande fréquence, rapidement croissante de ces cancers pose un défi pour la santé publique avec des coûts de prise en charge qui finissent par peser lourd sur des systèmes de soins déjà très sollicités. Ce qui est d’autant plus dommageable que la plupart de ces CCNM, sont évitables car largement dus à l’exposition au soleil.

Dr Marie-Line Barbet

Rembielak A et Ajithkumar T : Non-Melanoma Skin Cancer – An Underestimated Global Health Threat? Clin Oncol (R Coll Radiol), 2019 ; 31 : 735-737