Dernières nouvelles du mélanome aux journées dermatologiques de Paris de décembre 2019

Fév 3, 2020

Janvier 2020 – Au cours des Journées dermatologiques de Paris (JDP) qui constituent une réunion annuelle très importante en dermatologie, se tenant au début du mois de décembre, les spécialistes ont à nouveau évoqué en 2019 les progrès considérables enregistrés pour la prise en charge des mélanomes à des stades avancés, c’est-à-dire s’accompagnant de métastases (stade III et IV).


Le professeur Jean-Jacques Grob a souligné l’efficacité des thérapies ciblées et des immunothérapies avec lesquelles il est possible d’obtenir des rémissions de longue durée de la maladie. Ainsi 52 % des malades atteints de ces tumeurs avancées et recevant des immunothérapies (ipilimumab/nivolumab/pembrolizumab) sont vivants cinq ans après le début du traitement, un tiers d’entre eux n’ayant pas eu de récidive ou de progression de leur tumeur. Les résultats sont un peu moins favorables avec les thérapies ciblées telles que dabrafénib/tramétinib (34 % de survie, 20 % sans récidive).

Une des questions qui se posent désormais aux médecins est d’identifier les patients qui sont le plus susceptibles de bénéficier des traitements sans être exposés à des effets secondaires intolérables. Cependant, le Pr Caroline Gaudy Marqueste  (Lyon) a mentionné que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, certains de ces effets secondaires ne sont pas forcément à interpréter comme « des mauvais signes ». Par exemple, on constate que les patients qui ont présenté certains symptômes digestifs ou encore des décolorations de la peau appelées vitiligo et qui traduisent une réaction du système immunitaire ont mieux répondu au traitement par immunothérapies que d’autres qui n’ont pas eu ce type de troubles. Il en est de même pour les malades sous thérapies ciblées et qui souffrent de douleurs rhumatismales au début de leur traitement : ils tirent plus profit de ce dernier.

La durée du traitement est aussi une des interrogations auxquelles doivent faire face les équipes qui prennent en charge les patients atteins de mélanome à un stade avancé et qui sont traités par immunothérapie. Une étude présentée aux JDP apporte une première réponse. Ses auteurs ont examiné le devenir de soixante-cinq patients ayant arrêté leur traitement par anti PD1 (une immunothérapie) soit parce que ce traitement avait trop d’effets secondaires (43 % des cas), soit parce que la tumeur avait complètement ou quasi complètement régressé ou était stable. Un an après on ne notait pas de progression de la maladie pour 86 % des patients. Les récidives observées (12 % des malades) sont survenues en moyenne au bout de 8,5 mois. Il semble donc possible de proposer d’arrêter le traitement dès lors que l’on a obtenu une « réponse » satisfaisante.

Ainsi au fil du temps et des congrès de plus en plus d’éléments favorables sont-ils signalés dans la lutte contre les mélanomes au stade avancé.

Dr Marie-Line Barbet

Grob JJ : Mélanome, le point en pratique après 8 ans de progrès fulgurants.
Gaudy-Marqueste C : Quoi de neuf en oncodermatologie ?
Valentin J et coll. : Survie des patients traités pour un mélanome métastatique après arrêt de l’immunothérapie pour réponse objective ou toxicité : étude rétrospective de cohorte.
Journées dermatologiques de Paris, 3 au 7 décembre 2019