Octobre 2019 – Le mélanome malin peut toucher n’importe quelle partie du corps. Situé sur la tête (visage, cuir chevelu, cou), il semble avoir un moins bon pronostic que lorsqu’il touche une autre zone. Or les résultats d’une étude réalisée aux Etats Unis montrent que la fréquence des mélanomes dans cette localisation a beaucoup augmenté chez les sujets jeunes : adolescents et jeunes adultes en particulier.
Cette étude a consisté à analyser les informations consignées dans le registre central des cancers d’Amérique du Nord entre 1995 et 2014, soit deux décennies. Plus de douze milles cas de mélanomes localisés sur la tête (paupières, lèvres, oreilles, reste du visage, cuir chevelu) ou le cou, de personnes âgées de 0 à 39 ans ont ainsi été repérés. Dans plus de 54 % des cas il s’agissait de patients du sexe masculin, ce qui est d’autant plus surprenant que le mélanome est, en général, habituellement un peu plus fréquent chez les filles et les femmes. Autre constat, la fréquence des mélanomes de la tête et du cou a augmenté de près de 5 % (4,68 %) par an entre 1995 et 2000 puis de un peu plus de 1 % par an entre 2000 et 2014. Cette augmentation a surtout concerné les adolescents et jeunes adultes blancs entre 15 et 39 ans.
Jusqu’à présent, toutes les enquêtes avaient toujours montré que l’accroissement récent de la fréquence du mélanome concernait surtout les personnes jeunes du sexe féminin, ce qui est généralement attribué à une utilisation plus répandue des cabines UV et un goût plus prononcé pour les expositions solaires pour les jeunes femmes. Mais cette fois, c’est chez les adolescents et les jeunes hommes que l’on retrouve une augmentation de la fréquence des mélanomes de la tête et du cou. Il est vrai que les femmes sont sans doute protégées à cet égard notamment par une chevelure plus abondante.
Il faut noter tout de même, et cela est encourageant, que la progression du nombre de mélanomes de la tête et du cou, observée dans cette étude, s’est quelque peu amendée depuis 2000, conséquence probable des campagnes de prévention et de dépistage.
Ainsi nombre de ces campagnes ont mis l’accent sur la nécessité d’un examen régulier de la peau pour les sujets à risque : personnes de plus de 50 ans, personnes ayant bénéficié d’une transplantation d’organes, recevant des traitements immunosuppresseurs ou souffrant d’une maladie provoquant une baisse des défenses immunitaires, sujets ayant des antécédents familiaux, une prédisposition génétique au cancer et de nombreux grains de beauté, personnes enfin qui ont été beaucoup exposées au soleil durant leur vie et en particulier durant l’enfance…Beaucoup de messages ont mis en garde contre le bronzage artificiel et des législations ont été adoptées pour en réduire l’utilisation chez les plus jeunes. On peut ajouter désormais qu’il faut être attentif à la tête et au cou des jeunes hommes entre 15 et 39 ans et surtout à leur cuir chevelu, en particulier pour ceux qui sont victimes d’une calvitie ou qui se rasent la tête par goût.
Dr Marie-Line Barbet
Bray HN et coll. : Head and Neck Melanoma Incidence Trends in the Pediatric, Adolescent, and Young Adult Population of the United States and Canada, 1995-2014. JAMA Otolaryngology–Head & Neck Surgery. 2019 ; publication avancée en ligne le 3 octobre doi:10.1001/jamaoto.2019.2769