Août 2019 – Alors que la guérison d’un mélanome débutant (stade 1) peut être obtenue dans la très grande majorité des cas grâce à une intervention chirurgicale, le pronostic est beaucoup plus sombre pour les mélanomes évolués compliqués de métastases (stade III et IV). Il y a seulement quelques années on ne disposait gère de thérapeutiques efficaces pour enrayer l’évolution. A cet égard l’avènement de nouveaux traitements au cours de la dernière décennie a représenté une véritable révolution.
Ces traitements sont de deux types : l’immunothérapie à partir d’anticorps monoclonaux destinés à soutenir les défenses immunitaires pour leur permettre de juguler la progression du cancer (pembrolizumab, nivolumab, ipilimumab par exemple) et les thérapies ciblées qui attaquent directement les cellules tumorales lorsqu’elles présentent une anomalie au niveau de leur matériel génétique, la mutation BRAF (vemurafenib, dabrafenib, trametinib), ce qui semble être le cas de la moitié des mélanomes.
Les résultats obtenus par les immunothérapies, les premières à avoir été essayées sont désormais bien connus : cinq ans après avoir débuté un traitement par « anti PD-1 », pembrolizumab en particulier, 43 % des patients sont en vie (parmi ceux qui n’avaient pas eu d’autres traitement auparavant.) En ce qui concerne les thérapies ciblées, on en savait un peu moins jusqu’il y a peu. Mais l’équipe de Caroline Robert (chef du service de dermatologie à l’institut Gustave Roussy de Villejuif) vient de publier dans le New England Journal Medecine les dernières données pour ce type de traitement.
Elles concernent un peu plus de 500 patients atteints d’un mélanome de stade IV qui ont reçu un traitement combiné de deux thérapies ciblées : dabrafenib et trametinib. Trente-quatre pour cent sont en vie cinq ans après avoir débuté ce traitement dont 19 % ne présentent plus aucun signe de maladie. Si l’on considère les patients dont la tumeur et ses métastases avaient complètement disparu sous l’effet sur traitement (réponse complète) : 71 % d’entre eux sont en vie à 5 ans.
Ces chiffres représentent un progrès énorme quand on se souvient qu’avant l’avènement de ces thérapies, seuls 5 % des patients étaient en vie cinq ans après le diagnostic. Ne plus avoir de signe de la maladie à 5 ans peut laisser espérer une guérison, ce qui était inconcevable il y a à peine plus d’une dizaine d’années.
Ces résultats très encourageants sont non seulement source d’espoir mais ils incitent aussi les médecins à poursuivre leur recherche pour en particulier définir les meilleures séquences de traitement (thérapie ciblées puis immunothérapie ou l’inverse) et aider à la mise au point d’autres molécules encore plus efficaces et mieux tolérées.
Dr Marie-Line Barbet
Robert C et coll. : Five year outcomes with dabrafenib plus trametinib in metastatic melanoma. N Engl J Med., 2019;381(7):626-636. doi: 10.1056/NEJMoa1904059.