Prévention du mélanome, n’oublions pas la famille !

Juil 4, 2019

Juin 2019 –  On sait que presque tous les mélanomes sont provoqués par une exposition aux ultraviolets et qu’il est donc possible de réduire le risque de ce cancer en limitant celle-ci. Les autorités de santé de la plupart des pays recommandent le port de vêtements protecteurs, l’utilisation d’écrans solaires suffisamment puissants, la recherche de l’ombre, de proscrire les UV artificiels, d’éviter l’exposition et les activités extérieures entre 10 h et 16 heures. Ces conseils doivent être prodigués par les médecins mais aussi par les parents qui sont probablement les mieux placés pour encourager leur (s) enfant (s) à adopter ce comportement vis-à-vis du soleil. Mais qu’en est-il en réalité ? Dans quelle mesure le comportement des parents influence-t-il, en la matière, celui des enfants ? La question revêt un intérêt particulier dans les familles dont l’un des membres a eu un mélanome, les apparentés au premier degré ayant eux-mêmes un risque accru de mélanome.


Trois cent treize personnes âgées en moyenne de 41 ans, dont un peu plus de la moitié sont des femmes, appartenant toutes à une famille dont l’un des apparentés au premier degré avait eu un mélanome et qui avaient elles-mêmes un enfant de moins de 18 ans ont été interrogées par téléphone sur leur comportement vis-à-vis de l’exposition solaire et le risque de mélanome. Il leur était demandé en particulier si elles « auto » examinaient la peau régulièrement et quelles mesures elles prenaient pour se protéger des UV ainsi que la peau de leur (s) enfant.

Presque la moitié d’entre elles ont déclaré porter des T shirts ou chemises à manches longues et les trois quarts des pantalons ou jupes longs mais seules 14 % signalaient mettre « quelque chose sur la tête », qui n’était un chapeau à larges bords que dans 4,4 % des cas…Si 24 % recherchent l’ombre et 20 % évitent de sortir au moment le plus ensoleillé de la journée, seulement un tiers applique régulièrement un écran solaire d’un indice au moins 15 (!). Pire que tout, plus d’un tiers des participants (37,7 %) ont eu recours à des formes de bronzage artificiel…Enfin la moitié se disent moyennement confiants quant à l’efficacité de leur « auto dépistage » du cancer de la peau et des protections vis-à-vis du soleil.

Concernant leurs enfants, le port de vêtements pour limiter l’exposition solaire est respecté par les parents… de manière assez laxiste : manches longues dans la moitié des cas, mais pantalons/jupe longs pour moins de 10 % des enfants. Quant au chapeau…n’en parlons pas ! Finalement la tenue optimale n’est adoptée que pour 17 % des enfants.

S’agissant de la crème solaire, on relève malheureusement les mêmes approximations : la majorité des parents avouent une faible utilisation de ces produits et seulement avec un indice élevé dans 14 % des cas.

Ainsi constate-t-on que, malheureusement, même dans les familles où la menace de mélanome est plus marquée, la prévention n’atteint pas un niveau remarquable.

Cependant, si l’on confronte le comportement des parents et celui des enfants, on constate que lorsque les parents ont une attitude « responsable » vis-à-vis du soleil, la probabilité qu’il en soit de même pour les enfants est plus élevée, notamment en ce qui concerne les habitudes vestimentaires. En d’autres termes,  les parents qui adoptent eux-mêmes des mesures de prévention en portant des vêtements protecteurs, en évitant le soleil entre 10 h et 16 h et en appliquant un écran solaire ont davantage de chance que leurs enfants portent eux-mêmes des vêtements adéquats.

Tout ceci souligne l’importance de faire participer la famille et notamment les parents dans les campagnes de prévention du mélanome. Sans parler de faire jouer la corde sensible du regret anticipé, le regret que pourrait éprouver à l’avenir un parent de ne pas avoir protégé son enfant du soleil de manière adéquate…

Dr Marie-Line Barbet

Coffin T et coll. : Relationship of parent–child sun protection among those at risk for and surviving with melanoma: Implications for family-based cancer prevention. Transl Behav Med., 2019; 9 (3):480-488. doi: 10.1093/tbm/ibz032.