Octobre 2018 – Avoir des grains de beauté (ou nævus) est un facteur de risque de mélanome. Ces nævus apparaissent au cours de l’enfance mais on sait peu de choses sur cette évolution, son rythme, les localisations du corps et les types de peau les plus touchés alors que mieux connaître les aspects de ce développement pourrait ouvrir des pistes pour une meilleure prévention du mélanome.
Grâce à un programme de protection solaire comportant des examens annuels de la peau, proposé dans le Colorado à 1 085 enfants (557 filles et 528 garçons) nés en 1998, on en sait un peu plus sur la progression des grains de beauté dans l’enfance.
Une première analyse en 2009 avait montré que le nombre de nævus augmente en général de 4 à 6 par an. Entre 6 et 8 ans, les garçons ont environ 4 à 5 nævus de plus que les filles. Ces différences valent pour tous les nævus y compris de moins de 2 mm sur les zones du corps habituellement exposées (visage, cou, avant bras, dos des mains) mais non sur les zones du corps exposées occasionnellement (dos, thorax, abdomen, bras, jambes, paumes, plantes).
Lors de l’analyse finale en 2014, il est apparu que, entre 9 et 16 ans, le nombre de nævus avait continué d’augmenter puis s’était stabilisé sur les zones du corps toujours exposées chez les garçons comme les filles. En revanche, le nombre de nævus sur les zones exposées de manière intermittente s’est accru beaucoup plus rapidement chez les filles que chez les garçons entre l’âge de 10 et 16 ans.
Ces tendances étaient retrouvées chez les enfants d’origine sud-américaine, ayant donc une peau plus mate (c’est-à-dire un phototype plus sombre) mais ceux-ci avaient tout de même moins de grains de beauté que les autres enfants.
Les différences constatées dans le nombre de nævus acquis sur les zones toujours (ou occasionnellement) découvertes confirment bien l’utilité de limiter l’exposition au soleil chez tous les enfants et adolescents pour réduire le plus possible le risque de mélanome. Cela semble encore plus impératif chez les jeunes garçons, lesquels développent des nævus plus vite que les filles sur les zones toujours exposées au soleil, et chez les adolescentes. Chez ces dernières en effet, du fait peut être d’un goût plus prononcé pour le bronzage, les nævus apparaissent plus rapidement que chez les adolescents sur les zones de peau exposées occasionnellement au soleil, ceci se vérifiant également chez les jeunes filles d’origine sud-américaine et donc avec un « phototype » moins à risque. La vigilance doit donc être encore plus étroite à ces âges.
Dr Marie-Line Barbet
Asdigian NL et coll. : Trajectories of Nevus Development From Age 3 to 16 Years in the Colorado Kids Sun Care Program Cohort. JAMA Dermatol. 2018 ; publication avancée en ligne le 12 septembre. doi: 10.1001/jamadermatol.2018.3027.