Les autres cancers de la peau
Les cancers cutanés sont aussi variés que le sont les différentes structures de la peau. Les plus fréquents sont les cancers « épithéliaux », c’est à dire qui se développent à partir des cellules de l’épiderme : les carcinomes basocellulaires et les carcinomes épidermoïdes. Puis viennent les mélanomes qui naissent des cellules responsables de la couleur de la peau, c’est-à-dire les mélanocytes.
Les autres cancers de la peau sont très rares, voire extrêmement rares.
Le carcinome neuroendocrine à cellules de Merkel
Il a pour origine des cellules (cellules de Merkel) situées dans la profondeur de l’épiderme, et qui interviennent dans la sensation du toucher. C’est avec le mélanome l’une des tumeurs malignes les plus graves de la peau.
Il atteint surtout les personnes âgées, à peau claire et est généralement localisé sur les zones non couvertes par les vêtements : visage surtout.
Il se présente sous la forme d’un nodule (boule), ferme, rosé, rouge ou violacé, non douloureux.
Il est lié à l’exposition solaire mais il touche aussi souvent des personnes dont les défenses immunitaires sont diminuées du fait d’une maladie (cancer) et/ou d’un traitement (patients greffés).
Il y a quelques années des chercheurs ont suggéré qu’un virus (polyomavirus) pouvait aussi intervenir dans la survenue du carcinome à cellule de Merkel.
Le traitement consiste à enlever le nodule chirurgicalement. Malheureusement les récidives sont fréquentes ainsi que les métastases (dissémination dans d’autres organes). Une chimiothérapie ou une thérapie ciblée sont alors administrées.
Les cancers annexiels
Les cancers annexiels se forment à partir des « annexes » de la peau c’est-à-dire les glandes sébacées (qui fabriquent le sébum), des glandes sudoripares (qui produisent la sueur) et des follicules pileux.
Ils touchent surtout les personnes âgées.
Leur aspect n’est guère « spécifique » : nodules de couleur variée, plaques plus ou moins épaisses, croûteuses parfois suintantes, formations en relief exubérantes, plaies…
C’est leur caractère persistant et leur évolution qui incitent le plus souvent le dermatologue à faire un prélèvement (biopsie) qui est envoyé au laboratoire d’anatomopathologie. Le diagnostic est fait grâce à l’examen au microscope de ce prélèvement.
Le traitement consiste là encore en une intervention pour retirer la tumeur. Selon la variété de carcinome, le risque de récidive et de métastases est plus ou moins élevé.
Les sarcomes
Ils se développent à partir du derme et de l’hypoderme qui forment le tissu de soutien de la peau ou à partir des structures sous-jacentes qui viennent coloniser la peau.
Ils sont, là encore d’une grande variété et le diagnostic précis ne peut être fait que par l’examen au microscope d’un fragment de la tumeur souvent prélevé par un chirurgien ; il peut s’agir par exemple :
- D’un dermatofibrosarcome de Darier et Ferrand, qui touche des personnes jeunes entre 20 et 40 ans et se manifeste par un placard dur rouge/violacé ou couleur de la peau normale le plus souvent au niveau du tronc. L’évolution est très lente, les récidives fréquentes après l’opération mais les métastases sont très rares.
- D’un histiocytome fibreux malin, le plus fréquent des sarcomes ; il touche plutôt des patients âgés de plus de 70 ans (des hommes dans deux tiers des cas) et se localise sur les membres les mains, les pieds en prenant la forme d’une masse sous la peau qui est normale ou abimée. Il peut se développer sur des zones de peau irradiées.
- D’un fibroxanthome atypique, sous la forme d’un nodule apparaissant sur des zones de peau exposées chez des personnes âgées etc…
Le traitement de ces sarcomes est la chirurgie (parfois la radiothérapie) mais aussi la chimiothérapie en fonction du type de tumeur et des résultats du bilan réalisé avant l’intervention (radiologies, prises de sang).
Quant à l’angiosarcome de Kaposi ou maladie de Kaposi, il provient des cellules des parois des vaisseaux et entraîne l’apparition de taches, plaques, nodules rouges sur la peau et les muqueuses et parfois atteint plus profondément d’autres organes. Il est lié à un virus (herpès virus humain 8) et il touche soit des personnes âgées vivant dans les pays du bassin méditerranéen, soit des personnes souffrant d’une baisse des défenses immunitaires et notamment infectées par le virus du sida (VIH).
Cancers cutanés « à distance »
Les cancers des autres organes peuvent provoquer des métastases sur la peau.
Ces métastases se présentent sous la forme de nodules et compliquent le plus souvent des cancers du sein, du poumon, du côlon.
Par ailleurs, certaines cellules du sang peuvent proliférer de manière anormale dans la peau provoquant par exemple des lymphomes cutanés.
Bien qu’ayant un mécanisme assez proche, la maladie de Paget mammaire est particulière :
- Elle se manifeste par des plaques rouges à limites nettes qui démangent et parfois suintent au niveau du mamelon et de l’aréole du sein ; elles ressemblent à un eczéma mais ne guérissent pas et évoluent au contraire lentement.
- Elle est presque toujours liée à un cancer du sein.
- Le diagnostic est fait grâce à l’examen au microscope d’un prélèvement de peau.
- Le traitement est celui du cancer du sein.
Il existe de rares cas de maladie de Paget « extra mammaire » touchant la vulve, le périnée, les aisselles ; l’aspect est le même mais il n’existe pas toujours un cancer « sous-jacent ».
Les cancers de la peau sont donc très divers, les carcinomes baso-cellulaires et épidermoïdes restant les plus fréquents. Mais cette longue liste montre combien il faut être vigilant lorsque un nodule, un placard, une plaie.., persistent sur la peau et évoluent malgré les traitements entrepris : un avis médical s’impose !
Dr Marie-Line Barbet
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