Octobre 2017 – De grands progrès ont été accomplis au cours des six dernières années pour le traitement du mélanome avancé (c’est-à-dire compliqué de métastases).
Tout a commencé avec l’arrivée de l’ipilimumab, un anticorps monoclonal, avec lequel on a, pour la première fois, pu obtenir une prolongation de la survie au-delà de trois ans (pouvant aller jusqu’à dix ans dans 20 % des cas) pour plus d’un quart des malades atteints de mélanome avancé. Puis avec le nivolumab et le pembrolizumab ensuite qui sont aussi des médicaments d’immunothérapie mais avec des mécanismes d’action différents, il a pu être observé non seulement un allongement de la survie globale mais aussi de la survie sans progression de la maladie chez davantage de patients encore, alors que ces médicaments provoquent moins d’effets secondaires que l’ipilimumab.
Tout ceci a conduit des spécialistes en cancérologie et dermatologie à entreprendre, à l’échelon international, une grande étude (137 centres dans 21 pays différents y ont participé) pour voir ce que pourrait apporter un traitement comportant à la fois ipilimumab et nivolumab, par rapport à des traitements n’utilisant que l’un ou l’autre de ces médicaments pris isolément. Mille deux cent quatre-vingt-seize patients ont fait l’objet de cette étude. Ils étaient tous atteints d’un mélanome de stade III ou IV et n’avaient pas encore eu de traitement. Ils ont été répartis en trois groupes égaux selon que leur était donné le nivolumab et l’ipilimumab, ou seulement l’un ou l’autre.
Au bout de trois ans, la proportion de patients en vie est de 58 % dans le groupe où est administré le traitement combiné, 52 % dans le groupe où les malades ont reçu seulement le nivolumab et 34 % dans le groupe où les malades ont reçu seulement l’ipilimumab. Autrement dit recevoir un traitement comportant du nivolumab augmente nettement les chances de survie, par rapport à un traitement avec le seul ipilimumab. Mais des effets secondaires graves ont été observés pour plus de 59 % des patients ayant le traitement combiné (contre 21 % sous nivolumab seul et 28 % sous ipilimumab seul). Pour autant même pour les malades chez lesquels le traitement a dû être interrompu, le bénéfice d’un traitement combiné persiste quant au taux de survie à long terme.
Ainsi, les stratégies ne cessent-elles de s’affiner pour répondre le plus efficacement possible au problème posé par la prise en charge des mélanomes avancés pour lesquels on ne disposait, il y a peu encore, d’aucune solution véritablement satisfaisante. Et il est possible désormais d’offrir aux malades la perspective d’une survie prolongée bien au-delà de trois ans.
Dr Marie-Line Barbet
Wolchok J.D. et coll. : Overall Survival with Combined Nivolumab and Ipilimumab in Advanced Melanoma. N Engl J Med., 2017 ; 377 : 1345-1356. doi: 10.1056/NEJMoa1709684.