Septembre 2017 – Un mélanome peut se développer sur un grain de beauté (ou nævus) préexistant ou apparaître spontanément sur la peau ou les muqueuses sans qu’aucun nævus ne l’ait précédé. Le deuxième cas de figure est considéré comme le plus fréquent mais en réalité les études menées sur ce thème trouvent des taux très variables allant de 4 % à 76 %, la plus récente d’entre elles avançant un chiffre de 64 %. Mais plus encore que quantifier le phénomène, il importe de savoir si ces deux types de mélanomes sans (MSN) ou avec (MAN) nævus associé diffèrent sur d’autres caractéristiques.
Une équipe de chercheurs s’est penchée sur pas moins de 20 126 cas de mélanomes (rapportés dans 38 études) dont 5 852 sont des MAN (29,1 %). La seule différence qu’ils ont notée de prime abord est que les patients avec MAN sont plus jeunes que ceux présentant des MSN. En revanche les localisations sur le corps sont comparables et les types de tumeurs aussi : le tronc et les extrémités sont le plus souvent touchés et le type tumoral est le plus souvent un mélanome superficiel extensif (superficial spreading melanoma, SSM) dans les deux cas.
L’épaisseur de la tumeur, mesurée à l’examen microscopique et qui conditionne le pronostic est cependant moindre pour les MAN. Cela va dans le sens de ce qui est observé : le pronostic est généralement meilleur en cas de mélanome associé à un nævus avec une survie plus longue des patients.
Dans les études examinées (et dans lesquelles ces informations étaient disponibles), les MAN se sont plus souvent développés sur des naevus acquis que congénitaux (1 612 vs 471), probablement parce que les seconds sont plus rares que les premiers. Plus surprenant, ils sont un tout petit peu plus souvent apparus (1 455 vs 1 112) sur des naevus dits dermiques (réguliers, symétriques, de couleur uniforme, en relief) considérés habituellement comme à très faible risque de mélanome. Mais là encore le nombre bien supérieur de ce type de naevus par rapport au nombre de naevus dits atypiques ou dysplasiques (c’est à dire asymétriques, à bords irréguliers, de couleur inhomogène), estimés comme présentant davantage de risque de mélanome et pouvant lui ressembler très étroitement, rend compte de ces observations paradoxales.
Les principaux enseignements de cet article sont que les mélanomes se développent sur un nævus préexistant dans moins de 30 % des cas, et qu’ils sont alors en général de meilleur pronostic. Par ailleurs n’importe quel type de nævus peut finalement être concerné. Ce pourquoi il reste impératif de faire contrôler régulièrement les nævus, toute modification de forme de couleur et surtout de taille devant alerter sur une possible transformation en mélanome.
Dr Marie-Line Barbet
Pampena R et coll. : A meta-anlysis of nevus associated melanoma : prevalence and practical implications. J Am Acad Dermatol., 2017; publication avancée en ligne le 22 aout. doi: 10.1016/j.jaad.2017.06.149.