Juin 2017 – Il y a une dizaine d’années, les possibilités étaient très limitées pour traiter les mélanomes au stade de métastases (localisations cancéreuses à distance). Mais au cours de cette dernière décennie, des progrès considérables ont été faits dans la compréhension du comportement des cellules cancéreuses et du système immunitaire.
Ainsi a-t- on découvert que des anomalies (ou mutations) sur un gène impliqué dans la formation et la croissance des cellules (le gène BRAF) étaient responsables de la progression et la multiplication des cellules du mélanome, ces anomalies étant retrouvées dans 50 % de ces tumeurs. Ceci a conduit à mettre au point des « thérapies ciblées sur ces mutations : anti-BRAF (Vémurafénib) et anti MEK (Cobimétinib, Tramétinib).
Du côté du système immunitaire, on savait depuis longtemps qu’il joue un rôle essentiel dans « le contrôle » du développement des tumeurs cancéreuses, le principal acteur étant ici un globule blanc particulier ou lymphocyte T qui attaque et détruit les cellules cancéreuses. Or il se trouve que les actions du lymphocyte T peuvent être empêchées par les cellules cancéreuses elles-mêmes lorsqu’elles se lient au niveau de certaines zones (récepteurs) à la surface des lymphocytes. L’identification de ces mécanismes a permis d’élaborer des médicaments (anticorps monoclonaux), capables de bloquer ces récepteurs et de rendre aux lymphocytes leur capacité de tuer les cellules cancéreuses. C’est l’immunothérapie par anti-CTLA4 (ou ipilimumab) et anti-PD1 (nivolumab et pembrolizumab).
Les essais de ces différents traitements chez des malades ayant un mélanome à un stade avancé, c’est-à-dire avec des métastases, ont montré leur efficacité en ce sens qu’ils peuvent parvenir à arrêter la progression du cancer, prolonger la survie et même dans certains cas amener à la guérison… C’est un progrès notable là où, il y a quelques années encore, le pronostic était très sombre.
Le problème qui se pose désormais est de distinguer parmi toutes les options possibles la stratégie la plus efficace pour un malade donné.
Pour faire le point, une équipe de cancérologues aux Etats-Unis a repris les résultats de seize études (6 849 patients au total) sur les nouveaux traitements du mélanome. Elle constate que l’association anti-BRAF-anti MEK et les anti PD1 sont les plus performants par rapport à tous les autres nouveaux traitements pour prolonger la survie et que la première offre même un plus long délai avant une éventuelle récidive du cancer. Mais bien sûr elle ne peut être prescrite que quand il existe une mutation du gène BRAF. L’échec d’un traitement par anti BRAF ou anti BRAF-anti MEK n’empêche pas qu’un anti PD1 prescrit secondairement soit efficace. Les anti CTLA4 ont une efficacité moindre. Mais il semble que l’association anti CTLA4 et anti PD1 ait des effets très favorables, tous les résultats n’étant cependant pas encore disponibles.
Toutes ces données permettent aux médecins de décider du meilleur traitement pour leur patient. Bien sûr d’autres facteurs rentrent en ligne de compte, tels que les effets secondaires de ces médicaments qui peuvent parfois en limiter la prescription. Par ailleurs il apparaît que les effets de ces traitements varient d’un patient à l’autre en fonction de facteurs qui ne sont pas parfaitement élucidés. Beaucoup de recherches sont donc en cours. Mais l’espoir est d’ores et déjà au rendez-vous.
Dr Marie-Line Barbet
da Silveira Nogueira Lima JP et coll. : A systematic review and network meta- analysis of immunotherapy and targeted therapy for advanced melanoma. Cancer Med. 2017 Jun;6(6):1143-1153. doi: 10.1002/cam4.1001