Décembre 2016 – Pendant très longtemps on a considéré qu’il valait mieux ne pas « toucher » aux grains de beauté et de manière générale aux « tâches » brunes de peur qu’ils ne se transforment en cancer. La science ayant progressé et les campagnes d’information aidant, la majorité de la population sait désormais qu’il est nécessaire d’enlever les grains de beauté à risque et que retirer précocement un mélanome offre toutes les chances de guérison. La majorité mais pas tous…
C’est ce qui ressort d’une enquête menée en Pologne auprès d’internautes abonnés à un site scientifique (donc a priori mieux informés que la population générale). Parmi les 4 919 personnes qui y ont répondu, seulement 83,4 % étaient de cet avis concernant la chirurgie pour le mélanome mais près de 60 % considéraient que cela ne devait pas intéresser les naevus.
Parallèlement les auteurs de cette investigation intitulée “Better do not touch and other superstitions concerning melanoma » se sont penchés sur les autres idées reçues sur le mélanome.
Ainsi ont-ils découvert que 70 % des répondeurs au questionnaire croyaient à tort que les naevus situés dans certaines localisations (sous la bretelle du soutien-gorge, au niveau de la ceinture par exemple) risquent davantage d’évoluer en mélanome. Beaucoup aussi pensaient que c’était également le cas pour un naevus soumis à un traumatisme. D’assez nombreux répondeurs estimaient que les mélanomes ne surviennent que sur les zones exposées au soleil et qu’ils n’atteignent que les Blancs.
Les personnes les mieux informées sur les facteurs de risque de mélanome consultaient certes plus souvent les dermatologues pour un examen dermatoscopique mais ne pratiquaient pas plus souvent d’auto-examen que les autres. Pire, une petite frange de la population interrogée, majoritairement des hommes jeunes, non seulement n’avaient jamais vu de dermatologue pour un dépistage mais encore n’avaient qu’une faible connaissance sur les indices de protection des crèmes solaires, avaient peu tendance à les appliquer et moins encore à les réappliquer.
En revanche, d’autres qui se protégeaient également mal du soleil mais s’inquiétaient de toute apparition de lésion pigmentée se rendaient très souvent chez le dermatologue pour faire enlever “des taches” simplement liées à l’exposition solaire.
Au total cette investigation montre que le niveau d’information concernant le mélanome n’est pas aussi élevé qu’il devrait l’être et que les notions dont dispose la population ne sont pas parfaitement exploitées. Il reste aux autorités de santé à intensifier les efforts pour adapter les campagnes d’information notamment auprès des plus jeunes ayant toujours des comportements à risque.
Dr Marie-Line Barbet
GajdaM et coll. : “Better do not touch” and other superstitions concerning melanoma: the cross-sectional web-based survey. Adv Dermatol Allergol., 2016; XXXIII (5): 329–335.