Juillet 2016 – Avoir eu un mélanome augmente considérablement le risque d’en avoir un second. Le suivi des patients qui ont eu un mélanome est bien encadré : il suppose par exemple lorsqu’il s’agit d’une tumeur de stade 0 à IIB (tumeur de 2 mm d’épaisseur) de revoir le dermatologiste tous les 3 à 6 mois pendant 5 ans puis tous les ans pendant toute la vie. A chacune de ces consultations, le praticien examine la peau pour s’assurer qu’aucun autre mélanome n’est apparu. Dans l’intervalle, le malade lui même devrait être capable de « s’auto examiner » pour repérer toute nouvelle lésion suspecte. Et il pourrait être aidé utilement dans cette démarche par un proche, ne serait-ce que pour visualiser les zones difficilement accessibles.
C’est ce que démontre une étude réalisée aux Etats-Unis. L’objectif de June K Robinson et de ses collaborateurs, était d’évaluer l’intérêt d’un examen de la peau mené à la fois par le patient et un proche (qualifié de partenaire d’examen cutané, « skin check partner ») dans la détection de lésions suspectes entre deux consultations programmées. L’hypothèse était que dermatologiste, alors alerté de cette possibilité d’un nouveau mélanome, poserait plus rapidement le diagnostic avec de meilleures chances de guérison.
Quatre cent quatre-vingt quatorze personnes ayant eu un mélanome de stade 0 à IIB (51 % de femmes) et leur partenaire d’examen cutané ont participé à cette étude. Ils ont été répartis au hasard en deux groupes. Dans l’un malade et partenaire étaient spécialement entraînés à l’examen de la peau soit par un médecin à son cabinet soit à l’aide d’un manuel soit sur tablette. Les différents signes de mélanome étaient rappelés tous les 4 mois par un dermatologiste. Dans l’autre groupe, la surveillance était habituelle.
Au cours des deux années suivantes, 66 patients ont eu un nouveau mélanome. Dans le groupe soumis à l’entraînement spécial à l’auto examen « en duo », 43 de ces tumeurs ont été identifiée par le malade et/ou son partenaire contre aucune dans l’autre groupe. Les auto examens ont été beaucoup plus nombreux dans le groupe entraîné à les faire, selon ce qu’ont rapporté les différents participants aux 3 consultations de suivi prévues dans l’étude à 4, 12 et 24 mois. Au total, les dermatologistes n’ont pas été significativement d’avantage sollicités en dehors des consultations programmées qu’il y ait ou non éducation à l’auto-examen.
Tout ceci montre qu’apprendre au patient à s’examiner avec l’aide d’un proche peut être utile pour la détection précoce d’un nouveau mélanome chez les patients à risque, qu’il s’agisse comme ici de personnes ayant déjà eu un mélanome ou de membres de leur famille ou encore de patients ayant de nombreux naevus atypiques, avec une peau claire et des antécédents de coups de soleil. Pour les auteurs de cette étude, cette éducation pourrait être faite plus simplement par internet. Elle est susceptible d’économiser « les ressources de santé » et d’améliorer le pronostic global du mélanome en favorisant un diagnostic précoce.
Dr Marie-Line Barbet
Robinson JK et coll. Early Detection of New Melanomas by Patients With Melanoma and Their Partners Using a Structured Skin Self-examination Skills Training Intervention: A Randomized Clinical Trial. JAMA Dermatol., 2016; publication avancée en ligne le 29 juin. (doi:10.1001/jamadermatol.2016.1985)