Prévention solaire : en milieu scolaire aussi !

Juin 13, 2016

Juin 2016 – En France, la prévention solaire ne fait pas partie des programmes d’éducation en santé publique destinés aux enfants, tels que par exemple ceux réservés à l’alimentation ou à l’hygiène bucco dentaire. Quelques campagnes d’initiative plus ou moins privée (Vivre avec le soleil, Tête brulée, Brevet solaire…) ont toutefois été mises en place au cours des dernières années mais les résultats en sont plutôt mitigés sur l’évolution des connaissances et des comportements.


Une équipe de dermatologistes français a voulu évaluer les risques et bénéfices de l’exposition solaire auxquels sont soumis les enfants en primaire au cours d’une journée ensoleillée à l’école ainsi que les mesures de protection prises pour les enfants. L’étude a été menée dans le groupe scolaire André-Pasquier à Antony (92) pendant la journée du 24 juillet qui devait être totalement ensoleillée selon les prévisions de météo France (ciel bleu, température maximale : 30°C, indice UV maximal : 6) et au cours de laquelle les enfants participaient aux activités du centre de loisir.

L’exposition aux UV a été évaluée grâce à la mesure de l’indice d’UV par un capteur, tous les quarts d’heure de 9 à 17 heures et dans différents endroits : zones ensoleillées du matin au soir, points ombragés du matin au soir (préau, ombre d’un bâtiment), zones progressivement ombragées. Il pouvait ainsi être déterminé si et quand les enfants recevaient une dose d’UV produisant une rougeur ou érythème (appelée dose érythémale minimale ou DEM), déjà significative d’un danger pour la peau. Par ailleurs, la quantité de vitamine D (essentielle à la santé osseuse notamment) synthétisée sous l’effet des UV pouvait être calculée permettant de préciser le moment où des niveaux suffisants (1 000 UI/J) étaient atteints. Enfin, les mesures de protection solaire (vêtements, application d’écran solaire…) ont été prises en compte.

Cinquante-sept enfants majoritairement de phototype clair ont participé à l’étude. L’indice d’UV maximal a été de 7,2 (au centre de la cour) et un enfant resté toute la journée au centre de la cour était exposé à cinq fois la DEM pour un phototype sombre et 10 fois pour un phototype clair, une première DEM pouvant être atteinte dès 11 heures du matin. En revanche, sous le préau, la DEM n’était jamais atteinte alors qu’elle pouvait l’être à l’ombre portée d’un bâtiment. Avec un rythme scolaire normal (exposition uniquement au cours des récréations) la dose reçue était encore de 1,5 DEM dans la journée.
En ce qui concerne la synthèse de vitamine D, elle était suffisante avant midi dans tous les cas. Pour les enfants bien protégés par leurs vêtements (10 % de la surface corporelle exposée), le temps pour atteindre la DEM était inférieur à celui nécessaire à une synthèse suffisante de vitamine D. C’était l’inverse en cas de protection vestimentaire moins stricte (46 % de surface de peau découverte).

Enfin, il faut noter que seuls 1,8 % des enfants avaient un vêtement couvrant les bras, 40 % couvrant les jambes, Moins de 10 % avaient des lunettes de soleil. Un peu moins de la moitié avaient une casquette…dans son sac. Un tiers avaient un produit de protection solaire et seuls 10 avaient eu une application de crème le matin avant le départ pour l’école. Et le phototype ne changeait rien à l’affaire.

L’ensemble de ces observations montre que les enfants sont exposés, au cours d’une journée ensoleillée à des doses d’UV à risque pour la peau, quel que soit leur phototype et les mesures de protections dont ils ont pu faire l’objet. Ces dernières sont du reste très médiocrement suivies. La synthèse de vitamine D se fait avant que la DEM ne soit atteinte chez les enfants vêtus en fonction de la température extérieure et en tout état de cause avant midi, ce qui souligne qu’une exposition prolongée n’est pas nécessaire au regard des besoins en vitamine D.

Malgré la complexité prévisible de ces interventions, les campagnes de prévention primaire vis-à-vis des dangers du soleil devraient désormais aussi prendre pour cible les enfants à l’école dans un objectif d’apprentissage des risques encourus et des comportements à adopter.

Dr Marie-Line Barbet

Mahé E et coll. : Exposition solaire en milieu scolaire : évaluation du risque (dose érythémale), du bénéfice (synthèse de vitamine D) et des comportements des enfants. Annales de dermatologie et de vénéréologie (2016) publication en ligne le 30 mars.