Prévention du mélanome : et si l’on encourageait le dialogue mère et le fille

Mai 19, 2016

Mai 2016 – La fréquence du mélanome s’est considérablement accrue au cours des 40 dernières années chez les jeunes femmes et le mélanome se situe à la troisième place parmi les cancers dont sont victimes les jeunes adultes et les adolescents. Le « bronzage artificiel  » joue ici un grand rôle, des études ayant établi que s’exposer à des UV artificiels sous quelle que forme que ce soit avant l’âge de 35 ans augmente le risque d’avoir un mélanome de 59 %.


Quelques travaux ont également montré que le goût des adolescents pour le bronzage artificiel est fortement influencé par l’attitude de leur entourage familial féminin (plus encore que par celle de leurs pairs) vis-à-vis de ces UV artificiels. Ainsi imite-t-on volontiers mères et grand-mères qui s’exposent aux UV…De plus il semble que les risques liés au bronzage artificiel ne soient pas un sujet de discussion souvent abordé dans les familles.

Une équipe de psychologues américains a voulu savoir dans quelle mesure les dangers des UV étaient évoqués au cours de conversation mères-filles et quels arguments avancés par les unes et les autres étaient susceptibles de modifier leur attitude vis-à-vis de l’exposition aux UV.

Vingt-deux filles de 15 à 17 ans et leur mère, ayant toutes eu recours au bronzage artificiel l’année précédente, ou prévoyant de le faire l’année suivante et/ou estimant qu’elles étaient plus à leur avantage quand elles étaient halées, ont ainsi été recrutées dans un lycée du Massachusetts.

Toutes ont été conviées à des entretiens filmés, menés par un professeur, une infirmière, et des animateurs entraînés par l’équipe de psychologues qui a ultérieurement revu et analysé ces vidéos.

Globalement, on constate une minimisation des risques liés aux UV que les mères (et les filles) placent loin derrière ceux de la toxicomanie, du tabagisme, de la consommation d’alcool ou des rapports sexuels. Ce n’est donc pas un sujet de conversation prioritaire entre mère et fille. Cependant 60 % des filles déclarent que les cours sur la santé qu’elles suivent au lycée leur ont permis d’en apprendre d’avantage sur les cancers de la peau. Souvent, elles ont partagé ces informations avec leur mère. Enfin, mères et filles précisent avoir modifié leur attitude vis-à-vis du bronzage artificiel à la suite d’une expérience négative : coup de soleil douloureux, survenue d’un cancer de la peau parmi les membres de leur famille ou leurs amis. Les conséquences en ont été une plus large utilisation des écrans solaires et une réduction des séances de bronzage artificiel.

Ainsi le décryptage des enregistrements de ces entretiens montre-t-il le rôle majeur que peut avoir une information en milieu scolaire en encourageant les enfants à « relayer » ce qu’ils ont appris auprès de leur famille. Laquelle reste toujours beaucoup plus préoccupée par les dangers immédiats auxquels leur progéniture est exposée (toxiques, maladies sexuellement transmissibles…) que ceux qui les menacent à long terme…

Dr Marie-Line Barbet

Gordon M et coll. : Teen Daughters and Their Mothers in Conversation: Identifying Opportunities for Enhancing Awareness of Risky Tanning Behaviors . J Adolesc Health. 2016; 58:579-81. doi: 10.1016/j.jadohealth.2016.02.001