Le bronzage artificiel un danger en particulier pour les jeunes femmes ?

Mar 25, 2016

Mars 2016 – Le fait que le bronzage artificiel augmente le risque de cancer de la peau et en particulier le risque de mélanome a été reconnu officiellement par l’international Agency for Research on Cancer de l’OMS en 2009. Cela n’empêche pas que de nombreuses personnes continuent de fréquenter les cabines de bronzage. Le désir d’avoir une peau hâlée étant surtout éprouvé par les jeunes adultes, cette tranche de la population se met ainsi davantage en danger.

Mais ce n’est pas tout. Selon une étude menée aux Etats-Unis, le fait que la fréquence du mélanome avant 50 ans croît davantage chez les femmes que chez les hommes serait essentiellement lié à l’attitude de ces dernières vis-à-vis du bronzage artificiel.

Les auteurs de ce travail, D Lazovich et ses collaborateurs ont comparé les habitudes de bronzage artificiel de 631 personnes dont 68,3 % de femmes victimes, entre 2004 et 2007, d’un mélanome malin et de 654 personnes (68,2 % de femmes) sans mélanome. Toutes avaient entre 25 et 49 ans.

Globalement 80 % des femmes faisaient des séances de bronzage artificiel
contre 40 % des hommes

Les femmes de moins de 40 ans disaient avoir débuté le bronzage artificiel plus tôt que ne l’avaient fait leurs aînées, âgées de 40 à 49 ans : elles avaient commencé en moyenne à 16 ans  contre 25 ans pour les plus âgées. De plus elles avaient fait davantage de séances : 100 contre 40.

Il a été observé que parmi les femmes de moins de 30 ans, il y avait 6 fois plus de mélanomes dans le groupe de celles qui consommaient des UV artificiels par rapport à celles qui n’y avaient pas recours. Le risque, pour les utilisatrices d’UV artificiels, d’avoir un mélanome restait plus élevé après 30 ans, quoique dans une moindre mesure. Il a été également constaté un « effet dose » : plus grand était le nombre de séances, plus le risque de mélanome était important quel que soit l’âge.

Cette tendance n’a pas été constatée pour les hommes avant 50 ans. Mais passé cet âge c’est eux qui ont le plus de mélanomes…

Le bronzage artificiel serait pour les auteurs de cette étude à l’origine de l’augmentation de la fréquence du mélanome aux Etats-Unis et les auteurs déplorent que cette « quasi épidémie » se poursuive en l’absence de restriction d’utilisation des cabines de bronzage.

En France,  la réglementation a pour buts d’empêcher l’exposition à de trop fortes doses ainsi que l’utilisation d’appareils défectueux et d’informer l’utilisateur des risques liés aux UV artificiels. Deux arrêtés publiés en octobre 2014 sont venus renforcer ces dispositions, à la fois pour améliorer la sécurité des usagers et pour mieux les informer sur les dangers qu’ils encourent.

Mais il est illusoire d’espérer, avec cette simple réglementation, éliminer tout risque de cancer cutané lié aux UV artificiels.

Rappelons qu’une séance de bronzage en cabine de 15 minutes provoque les mêmes dommages cellulaires qu’une exposition sur une plage des Caraïbes sans protection solaire, même s’il n’y a pas de coup de soleil ni de sensation de chaleur. Aucun des bénéfices allégués pour les UV artificiels ne saurait être mis en balance avec les risques encourus car il est faux qu’ils préparent la peau au bronzage de même qu’ils ne contribuent pas ou très peu à la synthèse de vitamine D.

Dr Marie-Line Barbet

1) Lazovich D et coll. : Association Between Indoor Tanning and Melanoma in Younger Men and Women. JAMA Dermatol., 2016; publication avancée en ligne le 27 janvier.  doi: 10.1001/jamadermatol.2015.2938.
2) http://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Reduire-les-risques-de-cancer/Exposition-aux-rayonnements-UV/Bronzage-artificiel-combattre-les-idees-recues