Baisse de fréquence du mélanome chez l’enfant : un effet des campagnes de prévention

Mai 21, 2015

Mai 2015 – Le mélanome est rare avant 20 ans : il concerne environ 5 à 6 enfants par million. Cependant, comme pour les adultes, une augmentation régulière (2 à 2,8 % par an) de l’incidence (nombre de nouveaux cas) de cette tumeur a été constatée depuis les années soixante-dix dans la population pédiatrique.


Ce sont les adolescents de 15 à 19 ans qui sont le plus touchés (73,2 % des cas), suivis des 10 à 14 ans (17,3 % des cas), puis des 5 à 9 ans (5,7 % des cas) et enfin des 1 à 4 ans (3,8 %).
Les tendances quant à l’incidence actuelle du mélanome chez les enfants sont toutefois moins bien connues que pour l’adulte. Pourtant il serait essentiel de les préciser pour guider les stratégies de prévention vis-à-vis de ce cancer.

C’est pourquoi une équipe de pédiatres et de dermatologues américains se sont penchés sur un ensemble de bases de données de santé, concernant environ 28 % de la population des Etats Unis, pour y retrouver les enfants et adolescents ayant été victimes d’un mélanome entre 2000 et 2010 : ils ont pu ainsi en dénombrer 1 185 pour lesquels ils disposaient par ailleurs de toutes les données démographiques (âge, sexe, ethnie…) et médicales (type de mélanome, stade, localisation etc…).

Ils ont pu constater que l’incidence du mélanome augmente avec l’âge. Les filles sont plus souvent touchées que les garçons sauf entre 0 et 4 ans et entre 10 et 14 ans où les deux sexes sont atteints de façon équivalente. Les Blancs sont majoritairement concernés (96,96 %). Globalement le type de mélanome prédominant est le SSM (mélanome à extension superficielle) hormis chez les plus jeune entre 0 et 9 ans pour lesquels on retrouve autant de mélanomes nodulaires que de SSM. Les tumeurs sont localisées surtout sur le tronc entre 15 et 19 ans, sur le tronc, la tête et le cou entre 10 et 14 ans, aux extrémités (mains pieds) entre 5 et 9 ans, et sur la tête et le cou chez les plus jeunes. Le plus souvent il s’agit de tumeurs de bon pronostic (c’est-à-dire peu épaisses, de moins de 1 mm à l’examen au microscope) mais pour les enfants de 0 à 9 ans, on note une égale répartition entre les tumeurs peu épaisses et épaisses.

La comparaison du nombre de cas de mélanome enregistrés chaque année au cours de cette période de 2000 à 2010 dans les bases de données étudiées montre une diminution significative de l’incidence globale du mélanome chez les enfants de 11,58 % par an entre 2004 et 2010. Cette tendance est particulièrement marquée chez les adolescents de 15 à 19 ans depuis 2003 et pour les mélanomes du tronc en général.

Pour les auteurs de l’étude, cette évolution encourageante est à mettre au compte des campagnes de prévention initiées dans les années 90. Elles ont probablement conduit à une plus grande prudence vis-à-vis de l’exposition solaire, l’utilisation d’écrans solaires et de vêtements protecteurs chez les jeunes enfants, et ont ainsi certainement contribué à réduire le nombre de nouveaux cas de mélanomes, surtout sur le tronc, parmi les adolescents. En Australie, où les campagnes ont été mises en place 20 ans plutôt, la baisse d’incidence des mélanomes chez les adolescents, s’est elle aussi manifestée… 20 ans plus tôt.

Dr Marie-Line Barbet

Campbell LB et coll. : Melanoma incidence in children and adolescents : decreasing trends in the United States. J Pediatr., 2015 ; publication avancée en ligne le 9 avril. doi: 10.1016/j.jpeds.2015.02.050.